Entrée assez surprenante (Clos)

Markhal, le souffle court et les yeux brillants, courait rapidement dans les ruelles d’Aloïs. Il avait bien évidemment remonté sa capuche et s’était incliné de telle façon à ce que personne ne puisse voir son visage. Sa pauvre sœur Nadiane respira difficilement et gémissait de temps en temps le nom de Robin. Légèrement courroucé, il se demanda pourquoi elle ne murmurait pas son nom à LUI ? Lui, au moins, était intéressant comparé à son neveu. Jalousie tout à fait irrationnelle quand on savait que lui avait tué la famille de la jeune femme. Qu’est-ce qu’il pouvait être complètement orgueilleux parfois !

Le roi de Soras vit enfin sa sœur ouvrir les yeux. Il la croyait morte et le seul fait qu’elle reprenne ses esprits lui faisait plaisir. Mais ce plaisir ne dura que peu de temps car Nadiane ne trouva rien d’autre que de lui infliger un énorme coup dans ses parties intimes. Luttant désespérément contre la douleur, il se releva lentement et à vrai dire, la seule satisfaction qu’il retira de cette altercation, c’était qu’elle était de nouveau évanouie. Nom de Krynn ! Les femmes étaient bien plus belles et plus jolies quand elles dormaient... Il n’avait jamais vu pire caractère que la reine à cet instant, mais il fallait dire qu’il tuait la première personne qui lui déplaisait de son côté.

Markhal arriva enfin au château. Le cœur cognant contre sa poitrine, il sentit un stress qu’il avait ignoré jusqu’ici sortir en plein jour. Mais qu’est-ce qu’il faisait ici ? Il pouvait très bien partir et emporter Nadiane avec, la faisant ainsi captive et gagnant la guerre très facilement... Non... Ce serait bien trop facile justement. Le conseil et les Elendiliens devaient souffrir d’avoir dénigré ainsi un pauvre adolescent, bâtard de deux races, et pourtant héritier du trône.

« Ouvrez !
- Quoi !? Comme si j’allais le faire... Je ne vous connais pas et je ne vois strictement pas pourquoi je devrais vous laisser entrer... »

Le courage qu’il avait rassemblé en quelques instants dans son esprit éclata soudain et il n’hésita pas à hurler quelques insultes bien placées au garde qui gardait justement le pont-levis.

« Espèce de sale troll des cavernes des montagnes ! La reine se meurt et toi tu te gardes de descendre le pont ! Si elle trépasse, le prince n’hésitera pas, petite crevette débile, à te réduire à l’esclavage et à te faire regretter jusqu’à la fin de ta vie de l’avoir laissée mourir ! »

Ses arguments semblèrent convaincre le garde taciturne et le pont-levis tomba rapidement à ses pieds. Etonné par la facilité avec laquelle il avait pu pénétrer dans le château, il jeta néanmoins un regard suspicieux au bois et se demanda où se trouvait le piège. Il fit un pas hésitant avant de retrouver tout son aplomb et de se diriger vers la cours de l’endroit qui l’avait vu grandir et devenir désespérément mauvais. Markhal observa alors les visages curieux qui se peignaient dans le lieu. Plusieurs l’avaient entendu vociférer ses paroles menaçantes et se demandait si c’était vraiment la reine qui était blessé. Bien vite, Mrkhal vit un homme à la haute stature qui le regardait, comme s’il le reconnaissait.

Le roi de Soras s’approcha de celui-ci et posa Nadiane dans ses bras. Markhal avait rarement vu quelqu’un qui arrivait presque à sa taille. L’homme dépassait d’à peine quelques centimètres celui à qui il avait confié sa demi-sœur. Une cicatrice lui barrait le visage et le roi eut quelques souvenirs d’une blessure qu’il avait infligé, mais sans plus. D’une voix hargneuse, il déclara sans vergogne :

« La prochaine fois, veillez un peu mieux sur vos dirigeants ! Sinon la prochaine fois elle serait bien capable de se tuer toute seule ! Ne croyez pas que j’y suis pour quelque chose ! Elle se l’ait fait toute seule ! C’est à cause du sortilège qu’elle a voulu ignorer pour se venger... Mais... je crains que... qu’elle ne risque d’y passer » lâcha-t-il finalement.

Il regarda cet homme et le fixa soudain dans les yeux. Puis, comme s’il se rappelait de quelque chose, demanda subitement :

« Je ne vous aurais pas déjà rencontré quelque part ? »

Sa capuche recouvrait heureusement une partie de son visage, car si tout le monde avait pu voir son visage, ils auraient vu un sourire moqueur et sarcastique sur les lèvres du roi culotté de Soras. Venir, ainsi, au château de la reine et faire la morale à un des soldats était sûrement l’une des choses les plus stupides qu’il avait pu faire.

« Vous ne parlez donc pas ? Je croyais que les balourds d’Elendil avait tout du moins assez de cervelles pour savoir prononcer des mots... »

Leonis avait reconnu l’homme qui était entré dans sa salle d’entraînement. Un frisson parcouru son corps, une goûte de sueur froide glissa entre ses omoplates, il resserra sa poigne sur son arme. C’était Markhal, le chef des guerriers de Soras, celui qu’il recherchait depuis longtemps, des années même.
L'image de ses souvenirs perça dans son cerveau et elle le fit se figer sur place. Il revoyait ce guerrier, un sourire carnasier sur les levres lui infligé sa cicatrice qui le brulait encore et en ce moment plus vivement encore que tous les autres.
Mais son regard se porta sur la reine et son teint devint blanc.
Quand Markhal lui déposa sa reine dans les bras il failli perdre l'equilibre tant ses jambes tremblaient.
Leonis regarda le guerrier dans les yeux, ou en tous cas le seul qu'il pouvait apercevoir. Puis son regard se posa sur sa reine.
Il prit sa voix la plus forte et dit:

-Que quelqu'un l'emmene chez le medecin du Palais! Immediatement!

Deux gaillards se proposerent, l'un pris Nadiane dans ses bras et ils disparurent à grandes enjambées.
Leonis ne releva pas les insultes que proferai Markhal mais il reprit de sa voix la plus fortes pour que tous les guerriers l'entendent, un légé sourire lui pacourait les levres:

-Messieurs chevalier ou futurs, je vous présente... Sieur Markhal...

Un froid parcouru l'assemblée. Leonis continua plus durement:

-Rejoingnez les quartiers c'est un ordre!! Et que deux d'entre vous se post devant la chambre de la reine!!

Sans un bruit les guerriers se retirèrent.

Je crois que nous sommes seul desormais.

Leonis tira sont arme de son fourreau et se mit en garde. Ses muscles roulaient sous sa peau et la colere naissait dans ses yeux. Le bleu de sont regard habituellement glacial devenait percant.

-Souvenez vous donc!! Allez un petite effort. C'est vrai, c'etait dans votre jeunesse...un jeune garcon apeuré devant votre Oeil

Il repris plus doucement:

-Je n'etais encore qu'ecuyer. Je peux au moins vous remercié de m'avoir appris à me battre

Son regard s'arreta sur le poignard que Markhal avait encore fiché dans l'epaule. Il etouffa un rire:

-Ce genre d'incident est ennuyant...Je suppose que c'est la reine qui vous a infligé cela? Non?


Les yeux de Markhal brillaient et on pouvait apercevoir une goutte de sueur couler sur son front.

-Courage brave dirigeant du royaume de Soras, ce ne sera pas long...du moins pas assez...

Nadiane se sentait de plus en plus faible. La dernière chose qu’elle vit avant de sombrer dans l’inconscience, c’est Markhal s’approchant d’elle et la prenant dans ses bras. Elle n’avait aucune idée de ce qui arriva par la suite, c’était le noir complet.

Petit à petit, elle revint à elle. La première chose qu’elle ressentait c’était le froid, la reine avait horriblement froid, pas étonnant vu qu’elle était à moitié nue. Une douleur horrible lui transperca l’épaule. Nadiane gémit. Elle sentait le pas régulier de Markhal, elle n’avait aucune idée d’où elle pouvait être et l’heure qu’il était. Soudain, plus par reflexe que par sa propre volonté, elle donna un coup dans les parties intimes de son frère. Puis, elle retomba, à contre-cœur, dans les bras de Markhal. Nadiane garda tout de même conscience de ce qui se passait autour d’elle, mais ce ne lui était pas d’une grande utilité, seul un affreux malaise et un sentiment d’impuissance persistait dans son cerveau.

Un peu plus tard, Nadiane entendit son frère crier d’ouvrir et une bonne dose d’insultes qu’elle n’avait encore jamais entendu. Si on avait vu Nadiane à se moment là, vous l’auriez vu avec un visage pâle, presque un cadavre, et des joues légèrement rouge de honte pour les insultes de son frère.

* Hé! du calme avec mes gardes ! *

Au bout d’un moment, Nadiane sentit que Markhal avancait et rentrait probablement au château, chez elle. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Nadiane se retrouva dans les grands bras musclés de Leonis. La perspective d’être enfin au chaud, enfin à l’aise, enfin pouvoir se reposer la fit sourire, mais sa joie ne dura pas longtemps, car une nouvelle lutte s’anonca… Nadiane avait complètement oublié la rancune de son chef des chevaliers envers Markhal ! (Décidément, elle oublie beaucoup de choses ses temp-ci) Ca s’annonce mal. Elle passa des bras de Leonis à ceux d’un inconnu. Nadiane entendit avec effroi les menaces que les deux hommes s’envoyaient. Elle se libéra, avec beaucoup de mal précisons-le, de l’entreinte de l’inconnu et se retrouva à genoux, se tenant du mieux qu’elle pouvait contre le mur. Alors, avec le peu de forces qui lui restait, elle cria à contre-cœur un ordre à Leonis :

-Leonis, je vous ordonne de le laisser… partir. Ne posez pas de questions… j’y répondrai.. plus… tard.

Cela vous paraîtra un peu bizarre venant de sa part, elle n’avais jamais ressentit autant de haine envers quelqu’un en fait. Mais dites vous bien que dans l’état où était Markhal, il vallait mieux et pour elle et pour lui de se soigner rapidement. D’ailleurs vous serez d’accord avec elle, le combat serait déloyal. Markhal était blessé et avait perdu beaucoup de forces et Leonis se trouvait en large avantage par rapporet à Markhal. Et en plus, c’était l’ennemi de Nadiane, c’était à elle de l’achever et dans soin état actuel c’était, comment dire ?, impossible.

Une fois de plus, les forces abandonnèrent notre pauvre reine et elle se retrouva encore une fois dans un état de faiblesse. Nadiane détestait ce sentiment et elle esperait que, dans l’avenir, elle n’aurait plus à le ressentir.

Markhal regardait avec un plaisir dissimulé l’inquiétude et l’angoisse qui sévissaient parmi les hommes et femmes présents dans la cour. Apparemment voir la reine dans un tel état devait être inhabituel... Le roi était bien content et avait maintenant de l’adulation pour sa capuche. Non seulement elle lui offrait une cachette, mais en plus elle inspirait de l’effroi aux personnes qui le rencontraient. Conserver le mystère était l’une des clés du pouvoir... Lutter contre un ennemi qu’on ne connaît pas est beaucoup plus difficile que contre quelqu’un qu’on côtoie tous les jours. Et puis... l’inconnu faisait plus peur que si on savait à quoi il ressemblait et à quoi est-ce qu’il pensait... Bref, Markhal était d’une excellente humeur si on omettait le petit poignard fiché dans son épaule, la douleur qu’il ressentait dans son entrejambe et le fait de voir sa sœur quasi morte...

Mais il fut par contre moins content lorsque l’homme à qui il avait donné Nadiane décida de la confier à quelqu’un d’autre. Allez savoir pourquoi mais il sentait que quelque chose n’allait pas par ici... Un peu déconfit, il laissa ses yeux suivre le chemin de sa sœur avant de revenir à l’idiot qui s’était délesté de la reine. A peine avait-il ouvert la bouche, que Markhal se souvint de cette voix. Le souvenir remonta alors lentement à la surface.


« A la gaaaarde ! A la gaaaarde ! »

Markhal courait vivement, la mort aux trousses. S’il s’arrêtait, il mourrait. Mais peut-être était-ce ce qu’il voulait après tout, mourir sous les épées comme un homme, et non sous la hache comme un assassin. Il se retourna et sortit ses deux cimeterres sur lesquelles coulait du sang tout frais, du sang d’empereur... Le premier garde arriva tout près, il était débutant car à peine avait-il fait une feinte que Markhal l’acheva sans une ombre de regret. Cette fois-ci ce fut un Chevalier d’âge mûr qui para une de ses feintes, mais le jeune homme réussit bien vite à le désarmer et lui transperça la gorge sans émotion. Les corps s’empilèrent rapidement dans la cour alors que le prince ne semblait montrer aucune fatigue, aucune trace d’épuisement. Le sang coulait et l’éclaboussait souvent, mais sur son visage on lisait une telle impassibilité qu’on se demandait si jamais quelqu’un le vaincrait. Mais tout être est sujet à la fatigue... Tous sauf celui dont le désespoir nourrit les forces. Markhal cherchait quelque chose peut-être ? Oui, car il savait que maintenant il se battait ou il mourait. Il avait envie de mourir d’un côté, il ne demandait que ça, mais la rage et l’amertume le poussèrent à continuer à vivre. Et alors qu’il tuait un à un tous ceux qui étaient sur son passage, un petit mot se répétait dans sa tête, inlassablement. Vengeance... Vengeance... Vengeance...

A force d’entendre ce mot, il hurla de désespoir et se rua avec deux fois plus de rage dans la bataille, dessinant un ballet mortel du quel ne sortait aucun de ses ennemis vivant. Estocs, feintes, sauts et roulades, tout s’enchaînaient beaucoup trop vite pour certaines personnes qui tombaient rapidement sous les lames meurtrières du semi démon. Mais il reprit vite sa conscience devant le corps d’un jeune homme qui, couché par terre, tremblait de peur mais le fixait pourtant d’un regard fier et arrogant, un de ces regards qui ne donne qu’une envie : écraser son pied sur la figure pour ne plus le revoir. Markhal tenait une de ses cimeterres sous la gorge et l’autre en l’air, prête à le décapiter. Mais le prince retint son geste, il resta une longue minute à regarder le jeune homme alors qu’il semblait souffrir atrocement d’une blessure. Pourquoi l’achever alors qu’il pouvait agoniser. Etait-ce de la pitié ou de la lassitude ? Toujours est-il que Markhal ne fit que tracer une ligne, une balafre qui marquerait sûrement à vie cet homme. Le traître tourna les talons et s'enfuit, laissant un homme gémissant à terre. La nuit qui a tout changé resta à jamais dans sa mémoire...


Markhal retrouva ses esprits et il se surprit à observer attentivement la personne devant lui. Celle-ci tourna légèrement la tête, laissant découvrir une cicatrice... Le roi resta impassible mais dans sa tête son esprit tournait à du cent à l’heure : il devait sûrement se trouver devant l’une des personnes qui le détestait le plus dans ce royaume. Et manque de bol par son aplomb et son assurance, il ne pouvait être que Chef des Chevaliers. Génial... Markhal ne pouvait pas mieux tomber. Il reprit d’une voix forte, qui ne laissait trahir aucune peur mais un brin de rancune, et déclina l’identité de l’homme encapuchonné. Damned ! Il était découvert !

Le métisse se délecta du froid et du silence lourd qui s’imposa dans l’assemblée : au moins on le connaissait, c’était déjà ça. Le ton bourru du Chef des Chevaliers surprit quelque peu le maître de Soras, mais un fin sourire vipérin s’étira sur ses lèvres quand il comprit les intentions du colosse. Un combat s’annonçait... Ils étaient seuls et l’homme ne put s’empêcher de le souligner, ce qui rajouta par la même occasion une quantité de sous-entendus inimaginables. Markhal, grâce à son esprit de déduction innée, comprit qu’il était dans de beaux draps : blessé, faible et un peu déboussolé, il ferait piètre attaque devant et homme qui profiterait sans vergogne de son état. Remarque... Si c’était l’homme qui était en mauvaise posture à sa place, Markhal n’aurait pas hésité. Mais bon, lui il fait partie de Soras aussi, et qui plus est c’est un traître à l’Empire alors que le Chevalier... il devait quand même avoir un code d’honneur à suivre... Non ? Maigre consolation... Ou plutôt maigre espoir. Pourtant le demi humain ne se détourna pas et remplit avec la même voix sourde de menaces :

« Oui... Nous sommes seuls... »

Seuls à regret ! Mais qu’est-ce qu’il lui avait pris de mettre un seul pied ici ?! L’amour, ça rend vraiment les gens bêtes ! Bon, à voir la posture menaçante que prenait le petit mecton avec une épée dans la main confirma aussitôt les pensées précédentes de Markhal : c’était maintenant entre lui et le roi. Ses muscles étaient tendus à l’extrême et son regard bleu de glace était devenu acéré, expression renforcée par sa cicatrice trônant fièrement sur son visage.

« C’est bon, je m’en souviens... La nuit où... tout a commencé. »

Ou bien où tout avait fini. Question de point de vue tout ça.

« Depuis cette nuit... tu as cette cicatrice sur le visage... et sur le torse, non ? »

Markhal maîtrisait aussi bien la langue que l’épée et celle-ci ne semblait pas être affaiblie comparé au reste de son corps. Mais il ne le montrait pas, fier, droit et arrogant comme un jeune coq. Que voulez-vous ? C’est la fierté masculine tout ça... Il se retint de se mettre en colère lorsque l’homme étouffa un rire, ce qu’il trouvait d’ailleurs tout à fait puéril dans une situation pareille. Bon d’accord, il avait bien l’air idiot avec son poignard fiché droit comme un i dans son épaule. Et alors ? Comme ça au moins, il ne perdait pas son sang.

« Effectivement, c’est Nadiane qui me l’a fait... Vois maintenant dans quel état elle se trouve à cause de cela. Son incapacité à réfléchir m’étonnera toujours. » fit-il en soupirant imperceptiblement.

Il l’avait d’abord appelée Nadiane pour rappeler au Chevalier qu’il faisait naguère partie de la famille impériale et que désormais et à jamais il resterait plus haut gradé que lui, puis finalement l’avait spoliée, pour titiller légèrement l’homme sans vraiment en avoir l’air. Markhal était de plus en plus mal à l’aise. Mourrait-il aujourd’hui ? De cette façon impure ? Sans honneur ? Il méritait bien mieux que ça comme exécution. Il sentit une petite goutte couler légèrement sur son front, puis son sa joue pour finir par tomber dans une éclaboussure inaudible. Gêne ? Désespoir ? Dépit ? Impassible, c’est comme un jugement qu’il attendait, un verdict. Verdict qui fut peu après prononcé par Leonis Ourha, assassin du traître de l’Empire, donc justicier du royaume. Ce ne sera pas assez long en effet... mais Markhal regardera la mort en face, comme aucun homme, ou semi démon, ne l’aura jamais fait. Le roi dégaina lentement ses cimeterres et les pointa vers le soleil, qui annonçait une suite de journée sanglante...

« Leonis, je vous ordonne de le laisser… partir. Ne posez pas de questions… j’y répondrai... plus… tard. »

Markhal tourna la tête et vit sa pauvre sœur, affalée contre un mur, presque en évanouissement. Le roi fut un moment tenté d’aller vers elle, de l’aider, mais un discret coup d’œil vers le Leonis en question le dissuada aussitôt. Il aurait l’air de quoi si il y allait ? D’un grand débile qui s’occupe avec soin de son ennemie. Pas question qu’il bouge, même si sa demi-sœur, l’amour de sa vie, était couchée sur le sol et agonisait ! Quoique... Enfin, il verrait sur le moment.

Regardant d’un air vaguement narquois le Chef des Chevaliers, le roi ne tarda pas, toujours avec les cimeterres prêtes à l’attaque, à se moquer de celui-ci.

« Tu as entendu ma Nadiane chérie ? Elle t’ordonne de me laisser... Alors fais-moi plaisir et baisse ton arme... »

Markhal ne baissait pas sa garde, pas dans un moment pareil. Il était prêt pour la bataille, quoique l’autre décide, il ferait tout pour gagner. Pourtant... là tout de suite, il avait espéré pouvoir un peu se reposer et se moquer sans vraiment le montrer... Comme il avait l’habitude de le faire quand il était plus jeune... dans ce Château... dans cette cour... Avant cette nuit. Maudit Château ! Il lui rappelait beaucoup trop de souvenirs pour qu’il puisse convenablement se concentrer !

Il attendit que un de ses deux ennemis ne bouge, avant que lui-même parte. De toute façon, il partirait quoiqu’il arrive. D’un côté ce serait pour un monde meilleur... De l’autre pour son domaine, Soras. Le temps s’écoulait, mais Markhal restait stoïque, comme une statue de sable dans le Sablier du Temps.

Le son de la voix de Nadiane parvint à ses oreilles, Leonis frémit, elle ne pouvait pas faire ça, lui demander de le laisser vivre alors qu’il cherchait à l’envoyer en enfer…
Un de ses élèves murmurait doucement derrière lui quelque chose que Leonis mit du temps à comprendre : Maître, n’oubliez le code, la haine en ai prohibée, respectez notre reine.
Il soutenait le regard de Markhal.
Son éternel ennemi semblait trembler à la vue de sa sœur, sans doute partager entre l’amour fraternel et la haine que pouvait lui inspirer Elendil. Pour se donner de l’aplomb, du moins c’ets ce que pensait Leonis, Markhal pris une intonation des plus railleuse :

« Tu as entendu ma Nadiane chérie ? Elle t’ordonne de me laisser... Alors fais-moi plaisir et baisse ton arme... »

Mais il tremblait, sa voix même en était une preuve.
Leonis souria à cette idée :

Alors ? On se souvient ?

Le sourire s’effaça de ses lèvres et il continua :

Puisque la reine Nadiane me l’ordonne et le code de chevalier étant seul maître de mon cœur et de mes gestes…

Il joint le geste à la parole et rangea sa lame dans son fourreau. Un léger soupir de soulagement se fit entendre derrière lui.
Mais un murmure parcoura l’assemblée.

Il repris d’une voix plus forte pour que tous l’entendent mais qui se termina par un souffle :

Laissez le partir…

Sans tourner le dos à son ennemi, il couru vers la reine et la pris dans ses bras.

Nadiane avait déjà froid, l’ambiance était glaciale et en plus il pleuvait. Décidement, cette journée resterait à tout jamais la pire journée qu’on pouvait souhaiter à quelqu’un. Après avoir donné son ordre, quelques instants plus tôt, Nadiane se demanda comment réagirait Markhal. Elle se posait beaucoup de questions à son sujet. Mais elle revint à la dure réalité lorsqu’elle entendit prononcer les mots « ma Nadiane chérie ». Elle se demanda d’abord si elle n’avait pas rêvé ou si c’était une hallucination de sa part. Leonis paraissait ne pas avoir entendu. Ensuite, se rendant compte qu’elle était lucide, une rage monta en elle. Non, mais comment osait-il l’appeler comme ça ! Avant de refaire une autre gaffe qui pourrait lui coûter la vie, Nadiane essaya de se calmer. Elle inspira doucement puis expira, c’est une technique que lui avait enseignée le plus sage des guérisseurs. Efficace la technique ! Au bout de quelques exercices, Nadiane se calmait. À travers le brouillard formé devant ses yeux, Nadiane vit Markhal partir, comme si un poids énorme se tenait sur ses épaules.

Nadiane sentit la déception avec laquelle Leonis prononça ses mots, mais il n’avait pas à discuter : un ordre est un ordre ! Finalement, Leonis le laissa partir et courut vers Nadiane. Il la prit dans ses bras et ensemble se dirigèrent vers sa chambre. Nadiane sentit chaque goutte de pluie s’écraser sur ses joues. Peu à peu, la pluie s’intensifia et Nadiane ne tarda pas à être totalement trempée.

A côté d’elle, Nadiane entendit le son caractéristique du sabot qui claque contre la pierre. Valawna était là ! Nadiane étira douloureusement un sourire sur ses lèvres. Cela la rassurait de savoir son gardien à côté d’elle.

Nadiane se laissa sombrer dans l’inconscient, se sachant en sécurité et qu’elle se réveillerait quelques instants plus tard confortablement installée dans sa chambre.

Chambre de Nadiane