Sur une paillasse (Clos)

[En Blanc = Saya
En Violet = une femme esclave
En Olive = un homme esclave

Sujet ouvert à tous.]

Sa journée? Plus qu’horrible. Un autre esclave lui avait demandé un service en début de journée : il ne se sentait pas bien et avait voulu échanger ses tâches avec celles de la jeune Elfe et celle-ci avait accepté. Par contre, jamais elle ne se serait doutée que ces tâches étaient aussi horribles. Cela faisait à peine une journée qu’elle était ici et elle ne comprenait toujours rien à cet exclavalage –esclavage-. On lui avait simplement dit : Obéit et avec un peu de chance, tout ira bien pour toi.
Mais cela ne lui disait rien! Cela ne lui expliquait rien…

Alors, Saya avait été, en début de matinée, faire la première tâche de cet esclave avec qui elle avait échangé les siennes. Nettoyer la salle de torture… Elle avait vomi en entrant directement dans la salle. Malgré ses 57 ans, jamais elle n’avait vu tant d’horreur, tant de sang… tant de morts… La tête c’était mise à lui tournée et on avait été obligée de la sortir de la pièce pour éviter qu’elle ne s’évanouisse ou vomisse encore! Pas question de rendre la pièce encore plus sale que ce qu’elle l’était déjà. On l’avait ramenée jusqu’aux cachots, là où se trouvait sa paillasse. Elle avait mit l’avant-midi à se remettre de cette vision d’horreur qui sembla la traumatisé.

« Et si quelqu’un s’en rendait compte, hm?! »
« Elle n’a même pas ce genre de tâche, imbécile! Et puis laisse-la tranquille, elle n’est qu’une enfant quand on y songe. Tu as eu la même réaction qu’elle que je sache, la première fois que tu y es entré! »
« Oui, mais moi, ce n’était pas pour y faire le ménage, mais pour y être torturé… Les sales chiens m’ont tout fait avouer et pourtant ils ont quand même continué jusqu’à ce que… »
« La ferme! Tu vas la rendre encore plus malade… et si on s’en rend compte, je leur dirai que c’est de ta faute! »

La femme esclave semblait comprendre Saya, mais l’homme qui se chamaillait avec elle semblait d’un tout autre point de vue. Enfin, la femme semblait s’être éprise de compassion et d’amitié pour la jeune Elfe des Nuages, tandis que l’homme semblait jaloux de ses tâches… Saya n’avait pas le travail le plus dégoûtant, bien que l’idée de servir aux banquets et de servir Markhal comme la conseillère l’avait ordonné semblait lui déplaire, bien que pour le reste, il l’enviait. Mais qui ne pourrait pas l’envier? Ce qu’elle avait à faire n’était pas bien difficile… Enfin, déjà qu’elle ne comprenait rien à l’esclavage, ces tâches lui convenaient parfaitement pour le moment. Rencontrerait-elle un jour le célèbre Markhal? Probablement… Bien que Saya ignorait complètement ce qu’il pourrait lui ordonner! À quoi pouvait bien servir une Elfes des Nuages esclave si elle ne savait même pas ce qu’était un esclave?! À rien, à moins qu’on ne prenne la peine de tout lui montrer… Enfin, elle comprendrait dès qu’elle aurait quelqu’un à qui obéir!

« Ne t’en fait pas, ma grande, tu ne mettras probablement jamais les pieds dans cette horrible salle… enfin… si tu satisfais ceux à qui tu devras obéir. » lui dit la femme qui lui passait une main dans les cheveux.

Saya était calmée depuis un moment puisque c’était l’heure du midi, mais elle restait couchée sur sa paillasse, sans rien faire pour se lever et la femme restait gentiment près d’elle pour la réconforter. Un cafard avait réussit à monter sur le ventre de la jeune Elfe, sans même qu’elle ne tente de s’en débarrasser. Étant de race Elfique, elle avait rapidement apprit à respecter la vie des créatures vivante. Les cafards ne leur faisaient rien de mal, alors il ne servait à rien de s’en débarrasser. Il était au niveau du nombril, tout près de ses tatouages et lui chatouillaient terriblement le ventre et le bas-ventre de ses antennes, mais cela la faisait rire un peu, ce qui semblait rassurer la femme esclave qui restait près d’elle, s’occupant de Saya comme si elle avait été sa propre fille.

« Elle y finira, dans la salle de torture! Elle est idiote. Belle, mais idiote. Quand Markhal s’apercevra qu’elle ne sait même pas ce que signifie obéir, je ne donne plus très cher de sa vie. À moins que la conseillère ne s’en rende compte avant lui… ou encore une personne près du lui. »
« Cesse donc de l’embêter avec tes pensées négatives! »
« Tsss, j’ai encore le droit de parler que je sache! Et puis pourquoi elle reste silencieuse comme ça, hein? J’ai entendu dire que les Elfes étaient plus bavards que cela… Tu crois qu’on lui a coupé les cordes vocales ou qu’elle est muette de naissance? »
« Je ne suis pas muette. » répondit Saya de sa douce voix calme, mais sans lever les yeux vers l’homme qui semblait tant l’envier et la détester à la fois. Quelqu’un entra dans la pièce… interrompant la conversation des esclaves.

L’homme qui semblait tant détester Saya se nommait Mafyl. La femme se prénommait Anochi. La jeune Elfe ne connaissait pas grand chose de ce Mafyl, mais elle le portait plus ou moins dans son cœur, le prenant surtout en pitié. Le pauvre avait une vie difficile… Une femme d’une grande beauté entra dans la salle. Enfin, grande beauté… une femme plutôt banale, mais bien jolie quand même! Ce fut en tout cas ce que songea Saya en la voyant. Anochi et Mafyl se levèrent rapidement pour s’incliner devant la dame. Saya mit le cafard qui paressait sur son ventre par terre et se redressa doucement, de façon à s’asseoir. Une assassin? C’était la première fois que Saya voyait une assassin de métier. Observant longuement Mokia, la jeune Elfe ne put s’empêcher de songer qu’elle semblait avoir l’adresse d’un félin dans ses mouvements. Au ton cassant de la jeune femme, l’Elfe des Nuages jeta un regard interrogateur à Anochi. Elle se doutait bien qu’elle était en faute, mais pourquoi?

« Elle… elle vient à peine d’arriver, dame, Mokia… Elle… »
« Elle n’est pas dressée, voilà tout! La conseillère l’a acheté, mais n’a pas vérifié si ces deux imbéciles de marchands avaient prient la peine de bien la dresser… Peut-être cela vous amusera-t-il de le faire… »

Anochi semblait sur le point d’étriper l’homme quand Saya posa sa main sur son bras pour l’empêcher de dire ou de faire quoi que se soit.

« Dresser? Je ne comprends pas… » finit par dire Saya de sa voix calme et douce.

Elle devait avoir l’air bien idiote pour une Elfe, mais la femme expliqua rapidement à Mokia que Saya était encore terriblement jeune (à peine 57 ans en année Elfique).

« Ce n’est qu’une enfant… »

Espérait-elle épargner quoi que se soit à Saya? Peut-être… Mais si on persistait à vouloir régler tous ces problèmes pour elle, probablement qu’elle ne comprendrait jamais rien à cet esclavage. Mafyl venait de tout dire à Mokia probablement en espérant que l’Elfe passerait un mauvais quart d’heure à se faire dresser comme on l’avait fait pour lui… et en même temps, il s’attirerait peut-être l’attention de cette femme qu’il semblait aimer. Comment pouvait-on une femme qui semble vous mépriser plus qu’autre chose?! Décidément, cet homme était étrange parfois.

« Vous devriez la dresser, maître assassin… elle vous distraira longuement je crois! » ajouta Mafyl tout en jetant un regard meurtrier à Saya.

Personne ne lui expliquait rien… attendaient-ils donc tous qu’elle ait réellement des ennuis pour le faire?! Et pourquoi Mafyl lui en voulait autant? Elle n’avait rien fait de mal pourtant… Saya avait pourtant bien du mal à lui en vouloir. Le pauvre avait la vie déjà assez difficile comme ça qu’il faisait presque pitié à l’Elfe. Lorsque l’assassin sembla pratiquement faire apparaître un poignard dans sa main, Saya jeta un coup d’œil au pauvre Mafyl qui blêmissait à vue d’œil. Lorsque la poignard commença à tracer les lignes du visage de l’homme, Anochi fit détourner la tête à Saya, sachant qu’elle s’évanouirait probablement si Mokia faisait quoi que se soit à Mafyl. La jeune Elfe des Nuages lui en était reconnaissante, d’ailleurs. Cette femme Humaine semblait la prendre réellement pour ce qu’elle était ; une enfant et s’occupait d’elle avec beaucoup d’attention… surtout depuis ce matin! Lorsque le maître assassin se détourna de Mafyl, Anochi permit à Saya de la regarder enfin. Il n’y avait plus de risques.

« Il y a plusieurs années de cela, j’avais décidé de voir ce qu’était le Monde. Je suis curieuse, j’aime apprendre et la seule façon pour moi de connaître le Monde outre que dans les chansons, c’était de quitter la maison et voir. » Saya n’avait jamais tant parlé depuis son arrivée ici. Sa douce voix emplissait l’horrible cachot. « J’ai longuement voyagé dans tout l’Elendil, apprenant énormément sur les peuples qui y vivent. J’étais pourtant suivie. J’avais planifié depuis un moment mon retour chez moi, mais il en fut tout autre. Les hommes qui m’ont capturée m’avaient coincée grâce à un filet cacher dans le sol. J’aurais pu tenter de m’enfuir, mais j’étais curieuse de voir où ils avaient l’intention de m’emmener. »

Saya se tut, laissant deviner la suite à Mokia. De toute façon, ce n’était pas bien difficile à deviner. Elle avait aboutit ici, à Soras, dans le château de Markhal.

« Je ne comprends pas grand chose à ce qui se passe ici. Je ne comprends rien de ce qui m’est arrivée… L’exclavalage n’existe pas dans l’Elendil… et c’est bien complexe à comprendre… »
« Esclavage, Saya, esclavage… » lui murmura Anochi.

Saya haussa les épaules. Observant Mokia, elle lui jeta un regard interrogateur. Peut-être pourrait-elle lui expliquer ce que c’était tout cela.

Le rire au son cristallin et magnifique emplit la pièce. S’il n’avait pas eut cette connotation de mépris, Saya l’aurait trouvé magnifique… Oh, il l’était quand même, mais… ce mépris l’énervait un peu. Ce n’était tout de même pas si terrible comme vie. Enfin, c’était ce que croyait Saya, qui voyait surtout les expériences de vie que cela lui apporterait. Elle aurait vu l’Elendil et maintenant, elle pourrait peut-être voir une partie de Soras. Néanmoins, ce qui semblait le plus tracasser la jeune Elfes des Nuages, s’était : quand pourrais-je retourner chez moi?
Elle n’avait jamais prévu finir esclave à Soras et ses parents lui manquaient beaucoup, même si Anochi s’occupait très bien d’elle. L’Elfe l’aimait bien et espérait un jour pouvoir la sortir d’ici, mais c’était tout simplement impossible. Apparemment, ceux qui avaient réussit à fuir avait été tués ou encore rattrapés et envoyés aux mines Certains avaient peut-être été affranchit, mais ça semblait trop rare pour que se soit simplement possible.

Écoutant Mokia qui lui expliquait enfin tout ce qu’elle aurait dû savoir depuis le début, Saya blêmit au ‘si tu tiens à vivre encore longtemps...’. Anochi posa sa main sur l’épaule de l’Elfe, qui semblait digérer bien mal cette révélation. Saya avait soudainement réellement peur. Son visage, qui était resté jusqu’alors calme, montrait réellement sa peur grandissante. Elle se mit même à trembler et ses yeux finirent par se remplirent de larmes. En cet instant, elle se maudissait de ne pas s’être enfuie. Saya semblait enfin comprendre qu’elle ne valait pas mieux qu’un simple objet… un objet qu’on avait vendu depuis peu… Un pauvre objet ignorant. Néanmoins, Saya ne pleura pas. Elle avait déjà suffisamment l’impression d’être humiliée sans en ajouter encore plus. Elle essuya rapidement ses yeux, renifla, mais ne pleura pas.

« Je… je crois comprendre… Je n’ai qu’à obéir… ça ne devrait pas être bien compliqué. Quel genre d’ordre peut-on me donner? Je connais déjà les tâches que l’on m’a donné, mais pour le reste… »

Ses tâches n’étaient qu’au niveau des chambres, de la salle de banquet quand il y avait des invités ou obéir à Markhal… elle ne passerait probablement pas ses journées à faire cela et tant qu’à gaffer, autant s’informer auprès de Mokia, qui semblait accepter de répondre à ses questions. Anochi l’aurait probablement fait… mais maintenant que Saya comprenait ce qu’elle était devenue, elle lui était reconnaissante de ne lui avoir rien dit.

« Qu’arrivera-t-il si je n’obéis pas ou que je mets du temps à obéir? »

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Finalement, Saya sortit de sa cellule, Mokia ne répondant rien.