Visite (Clos)

Ce fut les rayons du soleil, passant par la fenetre grande ouverte, qui reveillerent Fitz. Lentement il ouvrit les yeux et ne sentit plus Nemesiase a coté de lui. Le loup etait maitenant debout, les pates avant posé sur le rebord de la fenetre a regarder le ciel. Il se detourna de la fenetre pour sauter sur le lit et finir de reveiller le jeune homme a coup de langue. Fitz rit de bon coeur a ses lechouilles, mais s arreta aussitot, car ses cotes cassés le faissaient souffrir. Lorsqu il riait ou respirais trop fort, la douleur revenait.

Il se leva lentement et regarda la piece ou il etait. Il se rapellais exactement les evenements d hier soir. Il regarda sur le petit meuble et vit que la bassine avais rempli avec de l eau propre et que de nouvelles serviettes etaient posée a coté.

Lentement il se leva et se dirigea vers celle ci. IL regarda au passage son bandage a la cuise et vit qu il n etais pas remplie de sang. Les points de sutures avaient donc tenu a son petit exercice.

Il fit sa toilette rapidement et se dirigea vers un des coins de la piece ou gisait son pantalon dechiré. Lentement, il le remis et s appreta a sortir pour trouver un endroit ou prendre un petit dejeuner digne de ce nom lorsqu on frappa a la porte. Il se dirigea vers celle ci et vit une petite servante, qui gardais la tete baissé et tenais dans ses mains un plateau chargé de victuailles. Fitz s ecarta de la porte et elle deposa le plateau sur le petit meuble et toujours sans le regardé et d une voie craintive, elle lui parla.

Une couturiere viendra prendre vos mesures et vous preparera de nouveaux vetements, la conseillere Lilou nous la demander.

Merci...

Il n avais pas l habitude qu on le traite de cette maniere et ne savais donc pas comment reagir. La jeune fille avais profité de son moment d inatention pour filler sans un bruit. Il haussa les epaules et s attaqua donc a son petit dejeuner, qu il eut fini assez rapidement.

A peine avais t il fini qu il entendit des coups a la porte. Il se retourna vers celle ci et prononca un entrez sonore. Une femme d un age indefinisable entra, suivi d'une demi douzaine d apprenti qui tenais dans leurs bras differentes etoffes, tout dans un coloris sombre. Il sourit a cette vue.

Je suis la couturiere, on m envoie prendre vos mesures et vous confectionnez de nouveaux vetements

A peine avais t elle finis de parler qu elle se dirigea vers Fitz et le fit se relever. Elle prit ses mesures et plissa le nez devant l etat de son pantalon.

Avais vous quelque chose de precis en tete pour vos vetements messire ?

Oui, j aimerais, une chemise ouverte sur le torse, dans une matiere legere et silencieuse quand je bouge, une veste sans manche, un pantalon dans le meme genre que celui que je porte, des bottes en cuir souple et leger. Un veste grande, noire, cintré avec un col assez important. Et je veux des vetements simples, pas de fantaisie !

Elle se contenta d hocher la tete et tout de suite, elle fit signe a ses apprenti qui se mirent aussitot au travail. Fitz ne sachant pas quoi faire pendant tout ce temps s allongea sur le lit et ferma les yeux. Tres vite le sommeil le gagna et il ne fut reveillé que par la couturiere qui lui presenta son travail finie. Une merveille, exactement ce que Fitz avais demandé. Il la remercia et prit dans sa bourse une douzaine de piece d or qu il tendit a la couturiere qui les refusa d un signe de tete. Fitz les lui posa dans la main et commenca a enfilez ses vetements neuf.

Il ne prit pas meme le temps de se regarder dans le miroir, il se dirigea vers la porte et sortit, il croisa un garde qui lui indiqua ce qu il cherchais, une taverne. IL entra donc dans cette echoppe a l atmosphere enfumé et vit de nombreux visage hostiles, il se rendit compte a cet instant qu il ne portais pas d arme et qu habillé comme il etais, il aurais surement des problemes. A peine ses pensées s etaient t elle formé dans son esprit que deja deux homme l entourais et regardais ses vetements et sa bourse avec une avidité non dissimulé. Il n etais pas en bonne posture, et personne ne viendrais l aider dans cette auberge...

Une fois assis, Fitz regarda les deux hommes qui etaient venu a sa rencontre. Il semblais hébete et confus. Lorsque la proprietaire des lieux disparut de leur vue, il avais l air si miserable que Fitz se mefia tout de suite de cette femme.

Il s etais assis a la table qu elle lui avais designé. De cette table, il n etais pas trop loin du bar et pouvais regarder la clientele discretement. Elle etais nombreuse et pas des plus nobles. Beaucoup semblais avoir abusé de la boisson et on pouvais remarquer certain soldats en permission.

Lorsqu elle revient avec la bouteille, Fitz la regarda et souris. Du vin d Elendil. Ca faissait longtemps qu il n en avais pas bu, et il etais tres etonné d en trouver ici. Lentement, il releva la tete et regarda la tenanciere dans les yeux. Des yeux a la couleur bien grise.

Il est fort etrange de trouver du vin d Elendil dans ces contrées. Merci, de votre proposition, mais je cherche simplement quelques renseignements...

Il avais laissé trainer sa derniere phrase pour qu elle se sente interessé, il esperais qu elle morderais a l hamecon, car il voulais savoir beaucoup de chose sur cet endroit.

Fitz huma le prafum du vin qu elle venais de lui apporter et en but une gorgée. Il fit jouer le vin dans sa bouche et avala le liquide roug sang. Lorsqu elle lui demanda son nom, Fitz secoua la main d un geste negligeant.

Mon nom vous indiquerez peu de chose, car je ne suis pas la pour longtemps, je suis l invité de Markhal... Vous n avez qu a m apeller Danilo.

Doucement il la regarda dans les yeux et sourit. Le vin qu il goutais etais indubitablement un vin d Elendil. Mais savoir comment il avais atteri ici, cela l interessais particulierement. Et cette femme qui se faissais passer pour une simple aubergiste...

J aimerais savoir comment vous vous etes procuré ce vin, car j en chercher moi meme pour faire un present a mon hote.

Il etais obligé de mentir, comment dire a cette femme avec tous ses gens qui l entourais qui il etais et d ou il venais. Autant se tuer tout de suite. Il devais jouer finement et essayer d obtenir le plus d informations avant de revenir faire un retour, sous le nom de Fitz.

Markhal se tenait depuis des heures dans le coin de la Taverne. Il avait sur la table une pinte de la bière locale dans laquelle macérait une guêpe. Peut-être avait-ce toujours été le nom de cette boisson qui avait attiré Markhal, en tout cas il adorait vraiment le goût relevé et assez acide de ce breuvage. Il avait l’impression que son estomac allait se déchirer et ressortir par sa bouche en passant par sa gorge en flammes... A se demander pourquoi est-ce qu’il continuait à boire cette... mixture étrangement horrible pour la plupart des personnes ayant un système digestif normalement constitué. Devrais-je pourtant encore vous répéter que le roi n’est pas comme les autres ?

Toujours est-il que pour une fois il semblait passer incognito. Aram était dehors, dans une ruelle adjacente, et mangeait les quelques rats qui traînaient par là. Markhal ne pouvait pas lui en vouloir, mais leur connexion d’esprit était tellement forte qu’il avait le désagréable goût du rat dans la bouche et je vous laisse imaginer à quel point cette senteur était écoeurante... Markhal se l’essuyait d’ailleurs souvent avec la boisson explosive qu’il avait commandée.

Markhal était resté en fait ici pour observer la nouvelle patronne de la taverne. Etait-ce par simple curiosité ou par désir de s’assurer qu’elle était digne de confiance. Enfin pour l’instant il s’était surtout plus intéresser à la clientèle qu’à la succube de l’endroit. Markhal ne sortait plus très souvent ces temps-ci. Peut-être était-ce parce qu’il avait un peu trop fait l’imbécile et qu’il était en convalescence ou que d’autres affaires l’appelaient... Toujours est-il qu’il aimait retrouver cette ambiance plaisante d’hommes complètement soûls et si... pitoyables. En plus pendant un de ces regains d’énergie, il fallait bien qu’il en profite, n’est-ce pas ?

Le roi avait quelques problèmes pour l’instant. Non seulement les cauchemars qui le hantaient, l’empêchant ainsi de dormir pour retrouver ses forces, mais également ces écailles qui n’arrêtaient pas de pousser. A chaque fois qu’il les voyait, le métis se sentait obligé de les arracher et de les couper, mais sous les conseils de Lilou devait abandonner ces idées. De trop nombreuses cicatrices s’étaient déjà formées à cause d’elles et mieux valait ne pas continuer cette mauvaise habitude. Gnagnagna... C’était dans un de ses moments d’égarement que Markhal avait accepté de respecter cette directive, bien qu’il ne s’en souvenait pas. Et même si il était le roi de Soras, le royaume le plus puissant de Krynn malgré ce que disent les petits Elendiliens, il allait pour une fois respecter la parole de quelqu’un d’autre.

Personne ne l’avait reconnu. Personne... A la fois vexé et enchanté, Markhal savait ainsi s’amuser du désarroi de certains soldats qu’ils connaissaient et de découvrir aussi leur faiblesse pour la boisson... et les femmes. Ils lorgnaient tous vers la nouvelle patronne. Le sang-mêlé était quelque peu étonné d’une telle convoitise. Pourtant lui ne ressentait rien de tel et il ne sentait pas que la femme utilisait son pouvoir... Etait-elle belle naturellement ? Attirait-elle les regards juste grâce à sa beauté brute ? Markhal avait un peu de mal à le croire... Après tout cela ne suffisait pas à une femme. Il fallait aussi de l’intelligence, de la conversation, de la créativité, de l’élégance et le plus important de tout : de la ruse... Une femme sans ambitions n’était pas importante, même facilement ignorée.

Markhal sortit de ses pensées en entendant la porte s’ouvrir. Il releva un peu sa tête et observa au détour de sa capuche la personne qui avait eu le courage de pénétrer dans l’établissement. Qu’elle ne fut sa surprise en découvrant son ancien prisonnier Fitz ! Mais qu’est-ce qu’il fichait ici !? N’était-il pas en convalescence ? Et quand on est en rétablissement, ne sommes-nous sensés rester calmement dans un endroit chaud et calme ?! Enfin... Markhal pouvait toujours pester contre l’imprudence de Fitz, mais il faisait exactement la même chose. Mais que voulez-vous ? On voit toujours le brin de paille dans l’œil du voisin, mais jamais la poutre dans le sien.

Un fin sourire se dessina sur les lèvres du roi alors que deux hommes accostaient son invité fraîchement et nouvellement habillé. Markhal crut qu’il allait bien s’amuser et voir ce que valait cet humain, mais voilà... Markhal n’avait pas non plus prévu que Fitz n’avait pas pris d’armes avec... Quand il vit cette petite lueur dans le regard de son invité, une sorte de mélange entre l’inquiétude et le désespoir. Le roi allait se lever et aider l’homme, détruisant ainsi sa couverture de simple client, mais la tavernière décida de réagir avant lui et prit les dispositions.

Le monarque eut un mouvement pour se rasseoir et observer le spectacle. Markhal put alors constater que la succube contrôlait pleinement et parfaitement son pouvoir de séduction. Elle regarda l’un et posa sa main sur l’épaule de l’autre. Et alors qu’elle n’enlevait pas son regard de l’un, elle parlait d’une voix suave et ensorceleuse au sens propre du terme à son compagnon. Le semi-humain vit avec amusement les hommes fixer d’un air extasié la femme. Markhal aurait applaudi si il n’avait pas voulu rester discret.

Elle invita d’un geste Fitz à aller prendre place à une table non loin de Markhal. Lui offrant en cadeau, ou plutôt en présent d’excuses, une de ses meilleures bouteilles de vin. Le roi haussa des sourcils : il ne savait même pas qu’on servait du vin ici ! Comme quoi il avait bien fait de venir aujourd’hui... On en apprend tous les jours. Markhal se montra intéressé quand la démone descendit dans sa cave et remonta avec une bouteille poussiéreuse. L’homme plissa les yeux pour voir l’inscription, mais rien n’y faisait : Fitz se tenait juste devant.

Haussant des sourcils en entendant les prétentions de son prisonnier qui savait sans aucun doute que l’alcool venait d’Elendil, Markhal se promit d’en savoir un peu plus sur cette importation illégale de... liqueurs ennemies ! Il était profondément outré qu’on ne lui ait pas raconté ce petit trafic, alors qu’il se passait dans sa ville ! Heureusement qu’il y avait son « Mort aux tripes » pour le réconforter... Mais alors qu’il approchait son verre de ses lèvres, il ne sentit aucun liquide descendre dans sa gorge : normal vu qu’il n’y avait plus de boisson dans sa pinte ! Déposant son verre avec mauvaise humeur, Markhal continua de scruter discrètement la scène entre Shiva, la patronne de la Taverne des Bourrés, et Fitz, le fils illégitime d’un seigneur d’Elendil.

Shiva semblait calme, bien que le fait qu’elle se mette à une autre tâche témoignait d’une gêne, ou alors d’une hésitation quant à répondre ou pas à cet homme. Markhal sentait que quelque chose dérangeait Shiva chez Fitz, quelque chose qui pouvait bien ressembler aux soupçons que nourrissait également le roi. Peut-être lui en parlerait-il plus tard... Quand ils seraient seuls. Pour l’instant, Markhal manquait de s’étrangler en voyant avec quelle aisance le bienheureux Fitz disait qu’il était son invité. Donnant une fausse identité, il refusait purement et simplement de donner sa vraie à une soi-disant simple aubergiste. Finalement il déclara vouloir offrir à Markhal une bouteille du vin, enfin... il le prétendit.

Markhal se demanda alors ce qu’il allait faire... Il fit un petit signe à l’aubergiste et montra son verre, demandant donc par la même occasion, la même boisson. Markhal appuya alors sa tête sur sa main et attendit la boisson en regardant d’un œil la personne qui hier était en sang et attaché et maintenant confortablement assis et propre.

Alors qu il avais fini de parler, un client leva son verre vide, attirant ainsi l attention de la tenanciere. Fitz l observa du coin de l oeil et souris. Ces mouvements etaient bien trop souples et aerien pour etre un soudards de Soras. Lentement Fitz leva son verre et y but une gorgée. Il posa son regard dans toute la salle, regardant les hommes se comportais comme des betes.

Les deux hommes que la succube avais brissé avais le regard vide et la bouche beante. Il se retient de rire a cette vue. Apres tout, il lui devais certainement d avoir encore des vetements sur le dos et la vie. IL etais redevable de beaucoup de monde. IL n aimais pas ca, et surtout moins de l etre de Lilou. IL chassa ses pensées et se retourna vers l homme assis pres de lui.

Peut etre pouriez vous partager ma table avec moi, je vous invite a manger car je n aime pas manger tout seul.

Il essaya de regarder cet homme dans les yeux, mais il avais beaucoup de mal a cause de la penombre du coin ou il se trouvais. Fitz continua neanmoins a regarder devant lui et degagea une chaise du pied.

Markhal eut un petit sourire narquois en voyant qu’apparemment la tavernière n’avait pas très envie de répondre à cette question. Le roi attendait patiemment qu’on le serve, habitué à ne jamais être satisfait de la rapidité et du service dans cet endroit. Le dernier propriétaire des lieux était un gros incapable qui pensait plus à sa pitoyable vie qu’à bien servir et depuis la taverne était devenu un lieu souvent sujet aux rixes et à des morts importantes. Markhal le trouvait pénible, et heureusement pour la nouvelle, elle lui plaisait bien pour l’instant : la tavernière avait tout de suite ciblé les personnes importantes et s’en occupait aux petits oignons. Ça c’était quelqu’un d’intelligent ! La seule preuve qu’on savait faire ici était bien celle de l’ambition et cette femme avait l’air d’en avoir à revendre.

Shiva prit le verre de Markhal, non sans tenter de deviner qui se cachait sous la capuche. Amusé par une telle réaction, le roi sentit un sourire poindre sur ses lèvres ; sourire qu’il réprima tout aussi vite. Pendant ce temps-là, Fitz se tournait vers lui et parlait calmement. Markhal cette fois-ci ne put retenir son sourire ironique et quitta sa position pour s’appuyer contre la chaise. Il trouvait ça particulièrement amusant que ce soit son propre prisonnier qui l’invitait à sa table. Evidemment, il fallait aussi avouer que l’homme ne reconnaissait pas son hôte et que donc il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir sur ce point. Quelle agréable coïncidence que celle-ci...

Le haussement de sourcil de la part de la succube n’échappa pas au maître du royaume. Il la fixa un instant, du moins le fit sans vraiment en avoir l’air. Quel étrange comportement... Peut-être avait-elle vécue plus longtemps que Markhal n’avait voulu le croire... Il trouvait qu’elle réussissait à dissimuler ses intentions avec une expérience rarement observée par le roi. La seule possibilité qui restait dans l’esprit du semi-démon était de la sagesse due à l’âge ou... à un don inné pour la dissimulation. En fait, il n’avait jamais vu quelqu’un y arriver en dehors des personnes de son cercle d’intimité. Peut-être était-elle tout simplement assez discrète pour que personne ne le remarque.

En tout cas Markhal dut revenir à Fitz qui essayait de déposer son regard dans les yeux du traître à l’empire, mais à cause de la pénombre il n’y parvenait pas. Markhal retint un regard acide et le conserva froid. Malgré le fait que la tavernière semblait les observer -enfin... il en avait juste l’impression-, Markhal décida de prendre la parole. Sa voix fut froide, bien qu’on pouvait y dénoter un petit brin d’ironie et sardonique.

« Et bien Danilo... J’accepte. »

La pointe de raillerie se situa surtout sur le ‘Danilo’. Markhal aimait bien que des personnes se rendent compte et qu’elles se sentent honteuses ou gênées que quelqu’un ait découvert leurs supercheries. Pauvre Fitz... Il était bien mal tombé. Markhal alla s’asseoir à côté de l’homme, non sans regarder avec insistance sur la chaise que celui-ci avait nonchalamment poussée du pied. Il voulait sûrement qu’il se rende compte qu’il avait été un peu malpoli avec la mauvaise personne... mais il n’allait pas lui en vouloir, il ne savait pas à qui il avait affaire. Le métis s’assit juste à côté de son interlocuteur et se tint droit comme un i.

La première personne qui aurait approché la main de n’importe quelle partie du corps de Markhal aurait senti une chaleur considérable. D’ailleurs dans un certain périmètre la température devenait haute autour du roi et peut-être ce fut à cause de cela qu’il recula un peu la chaise pour se trouver plus ou moins en face de Fitz. Qui sait ? De toute façon le fils des deux races n’avouerait jamais sa faiblesse, alors autant qu’il s’en contente et fasse à sa mode, n’est-ce pas ? En plus d’être cruel, on pouvait aussi lui laisser ce trait de caractère : borné jusqu’à l’entêtement. Un de plus ou de moins ne faisait plus tellement de différence à ce stade, encore moins un défaut.

Markhal regarda l’homme d’une façon indéchiffrable avant de dire assez bas pour qu’il soit le seul à entendre :

« Ne te crois pas dans un bordel... A Soras il faut toujours porter une arme ou alors la mort te quémandera plus tôt que tu ne l’avais prévu et la prochaine fois il n’y aura pas d’aubergiste pour t’aider. Je n’aurais jamais cru quelqu’un assez stupide pour sortir sans armes, dans de nouveaux vêtements et avec une bourse remplie dans une ville aussi dangereuse que Neakor. Même à Elendil c’est dangereux. »

Markhal ne pouvait pas s’en empêcher, il trouvait ça en fait très amusant. Fitz, enfin devait-il dire plutôt Danilo, venait de prouver au dirigeant que lui aussi était tout aussi vulnérable qu’un autre. Markhal prenait des conclusions bien hâtives, je vous l’accorde, mais la vie est bien cruelle et à tout moment il faut attendre à être jugé et classé ; le roi ne faisait que reprendre les enseignements de sa mère. A la pensée de sa mère, Markhal eut une bouffée de nostalgie. Le seul moyen de noyer ce sentiment que connaissait le roi était de se concentrer sur autre chose. Markhal chercha alors la tavernière pour regarder où en était sa boisson.

Fitz observa l'homme qui venais de s'assoir devant lui. Il avais ecouté tout ce qu il lui avais dit sans ouvrir la bouche, mais lorsqu il eut fini, il ne put s'empecher de sourire. Il regarda un long moment le roi de Soras et but une nouvelle gorgée de vin. Voyant son verre vide, il s en reservit un autre et le porta tout de suite a ses levres.

Il etais sorti de sa chambre, car il voulais se renseigner, meme malade, il ne pouvais rester inactif. Il regarda la salle enfumé et parcourus du regard la clientele. Il avais deja fais ca auparavant, mais regardais les autres lui vidait l esprit.

Il avais quitté Ellendil avec un but precis, espioner Soras. Mais maintenant qu il se retrouvais ici, il n etais plus sur de lui. Il avais dit des choses dans la salle de torture qu il n avais jamais dit, car il avais honte. Mais ses paroles n avais engendré aucune reaction de haine ou de degout vis a vis de lui. Ce n est que maintenant qu il pouvais se rendre compte a quel point parler lui avais fais du bien.

Il se passa lentement une main dans les cheveux et enleva une meche qui lui tombais dans les yeux. Il posa son coude sur la table et sa tete dans sa main. Il avais le regard dans le vide. Peut etre le manque de sommeil ajouté au torture, le rendais plus sensible a l alcool, mais il avais deja la tete qui tournais. Lentement, il prit la parole, d'une voix a peine audible, a part pour l'homme qui se trouvais en face de lui.

Vous devriez mieux vous renseigner mon seigneur, Danilo est mon nom. Celui que mon pere m'a donné le jour de ma naissance. Fitz en langue ancienne veut dire batard, tout simplement. Ne prenez pas pour de l insouciance le fais de sortir sans armes.

Il posa la main qui ne lui soutenais pas la tete, sur la tete de Nemesiase. Lentement, il prit son verre et le vida d'un trait. Puis il fit glisser la bouteille sur la table pour ne plus l avoir devant lui.

Il releva la tete, sentant qu on l observais et remarqua l aubergiste qui apportais la boisson du roi. Il la regarda et trouva etrange qu'une succube, soit reduit a etre aubergiste. Surtout dans un endroit aussi glauque. A cette pensée, il imagina Lilou servir les soudards de Soras et ne put s'empecher de sourire franchement. Il posa son regard dans celui de l'aubergiste, son sourire n avais pas disparu et il la fixais intesement.

Markhal n’avait vu pas vu beaucoup de personnes dans ce royaume tenir aussi peu l’alcool. Il mit ça sur le compte de la fatigue et de la petite séance d’amusement d’hier... Enfin... amusement pour certains seulement. Markhal n’avait pas trouvé ce moment particulièrement drôle à cause des récents événements qui le mettaient dans une situation plutôt désagréable, et encore... Désagréable était un euphémisme. Fitz semblait un peu dans les vapes, si pas tout à fait autre part.

Il se resservait encore un verre et Markhal doutait un peu qu’il puisse conserver toute sa tête claire avec ce qu’il avait avalé. Pour avoir réussi à boire dix verres de la bière locale sans avoir la gueule de bois, le roi savait résister à toute tentative d’enivrement, mais pour son interlocuteur, il avait un peu peur qu’il n’y arrive pas... Même avec le vin d’Elendil, lorsqu’on est faible, mieux vaut se préserver de toute boisson alcoolisée ou trop forte pour le sang. Le regard juge du souverain pesa pendant longtemps sur le verre de Fitz.

Markhal ?! S’inquiéter de quelqu’un d’autre que lui-même ? Jamais ! Enfin... peut-être un peu. Le métis se sentait sans le vouloir proche de cet homme. Il avait vécu un reniement semblable à celui de Markhal qui avait fait ressentir au monarque un regret et un sentiment de mélancolie pour l’humain et à la fois un mélange de compassion et de colère. Markhal voulait peut-être regarder en face qu’il n’était pas le seul et aider ceux qui venaient près de lui, une histoire semblable à la sienne, une douleur semblable à la sienne et... une solitude semblable à la sienne. Parler d’expériences personnelles était déjà difficile, mais quand on ne peut même pas en parler sans avoir l’impression de confesser ses péchés, c’est poussé jusqu’au tourment, c’est tout à fait impossible. Markhal ne sait tout simplement pas se confier à quelqu’un sans le tuer ensuite.

Markhal entendit alors la voix de Danilo, émergeant lentement dans ses pensées. Elle semblait à la fois si lointaine et si proche. Le semi-humain lui lança un regard froid, lourd de reproche et de mépris. Ainsi son père l’avait reconnu... Markhal soupira. Lui qui avait ressenti de la compassion pour Fitz sentait tout un coup ce sentiment disparaître pour laisser place à une émotion rarement ressentie : la jalousie. C’était toujours plus facile pour un fils d’avoir l’égard de son père et la connaissance de sa mère que de se faire abandonner par l’une et nié par l’autre. Markhal répondit alors d’une voix grave mais remplie d’une froideur quasi glaciale :

« Ne me prends pas pour un imbécile ! J’ai dû apprendre la langue des âges anciens quand j’étais jeune... je ne savais tout simplement pas que l’on t’avait baptisé... Et si ce n’est de l’insouciance, qu’est-ce donc alors ? »

Markhal vit enfin la bouteille être éloignée de Fitz, ce qui le rassura quelque peu. Le monarque l'écarta encore un peu, l’air de rien, du périmètre de Danilo, inquiet qu’il recommence à boire. Alors qu’il voulait ajouter quelque chose, Markhal entendit une démarche souple et aérienne qu’il avait tout de suite reconnue comme celle de l’aubergiste.

Le roi ne tourna pas tout de suite la tête, imaginant avec précision des courbes maîtresses de la femme. Il mettait à l’épreuve sa mémoire et celle-ci lui rendait bien cela, car elle ne lui fit pas défaut et l’image même de la succube se tint dans son esprit comme une icône divine. Le roi entendit alors que son verre était posé sur la table et il se tourna pour voir que la femme se tenait près de lui, son souffle presque à la hauteur de son visage. Quelque chose venait de se passer, il en était sûr, par contre quoi... Ça restait un mystère.

Sa voix calme et douce retentit à ses oreilles et Markhal la vit s’asseoir en face de lui dans un mouvement léger et ravissant. Le bâtard en profita pour la regarder en détail. Ses yeux gris semblaient débordés d’intelligence, mais pourtant si semblable à l’acier : dur et froid. Son nez complétait harmonieusement un visage avenant et agréable à regarder, avec un petit grain de beauté qui ajoutait comme une touche de malice sur celui-ci. Ses cheveux étaient d’une couleur...étrange. Entre le bleu et le gris, ils faisaient rappeler à Markhal un ciel gris de tempête, promesse de colère et de déferlement naturel. Ses courbes étaient tout simplement... élégantes et à l’image du reste : ensorcelantes.

« Non. »

Markhal répondit d’une voix glaciale, attendant presque qu’elle se démonte devant sa froideur. Il voulait sûrement au fond la tester, mais nul n’aurait su le dire devant un tel dévouement à être froid et peu accueillant. A vrai dire, il se comportait comme d’habitude. Markhal semblait déterminé à percer à jour les intentions qu’a eu cette femme en achetant la taverne. Le roi doutait que c’était pour avoir un commerce qui marche... Personne ne veut ça ici de nos jours.

Retrouvant avec plaisir le contact de son verre et huma le contenu avec un brin de méfiance. Il fit passer son geste pour un désir tout naturel de profiter de l’odeur de la boisson, mais le but en était tout aussi naturel, voulant vérifier qu’il ne trouverait aucun poison pour finir sa vie avant même d’avoir pu vraiment s’amuser. Le roi regarda la tenancière et finalement déclara :

« Je ne veux qu’une seule chose que vous ne changiez pas à l’endroit : la bière... »

Il but ainsi une gorgée de cette mixture douteuse que contenait son gobelet et il sentit l’irradiation de l’alcool qui faisait son effet. Markhal avait l’impression que son estomac allait remonter à la place de son cœur. Lâchant un petit soupir, le roi regarda la femme qui le regardait avec une certaine insistance, tentant de percer le secret de sa capuche. D’humeur un peu encline, Markhal se pencha un peu de façon à ce qu’elle puisse voir l’un de ses yeux, son œil bleu évidemment.

« Vous essayez de savoir quelque chose ? » demanda-t-il de sa voix empreinte de sarcasme

Fitz avais ecouté ce que Markhal lui avais dit et la colere revenais. Il la sentais tapie dans son ventre, prete a exploser. Comment pouvais t il oser dire qu il avais ete reconnu. Son pere lui avais juste donné un nom. Rien d autre. Pas d amour, il ne l avais jamais entrainé a se servir d'une epée, jamais pris dans ses bras. Fitz refoula tout ses souvenirs et regarda Markhal avec froideur et durete.

Un nom, ne veux pas dire qu il m a reconnue. Et encore moins accepté.

Fitz tendit la main vers la bouteille de vin et se ressaisit avant. Il la reposa sur la table, a plat. Il pouvais sentir l aubergiste qui les regardais et les ecoutais. Et voila qu elle venais de parler a Markhal, ne regardant meme pas Fitz.

Cette attitude, il la connaisait. Il s en etais meme fais une carapace. Il regarda alternativement Markhal et la succube parler. La colere etais toujours la, et il savais que si il avais eu des armes, il aurais surement proposé un petit combat a Markhal. Meme blessé, il s en fichais de perdre ou de gagner.

Il reporta son attention sur la averniere et lui jeta un regard froid. Il n aimais pas cette femme. Elle etais trop belle pour un endroit comme celui la, elle semblais etre un diamant dans de la boue. Cela cachais quelque chose et ces manieres d observer a la derobé les gens et surtout Markhal. IL sourit, mais ses yeux gardais leur lueur glacial et dure. Puis il reporta son regard vers celui de Markhal.

Je pense que vous avez attiré l attention de notre charmante taverniere...

Markhal voyait qu’il avait réussi à mettre Fitz en colère, ce qui le réjouissait quelque part. Lui qui pensait avoir perdu la main, c’est toujours réconfortant de savoir qu’apparemment il la garderait toujours... Il sentait presque cette rage sortir des pores de Fitz et irradier tout son entourage. Voilà qui intéressait bien Markhal. Cet homme lui en voulait-il vraiment ? Etait-ce envers lui ou envers son père qu’il était fâché ? Markhal se doutait bien qu’à l’instant c’était contre lui, mais que si le gentil petit prisonnier finissait son verre, ce serait bientôt contre la terre entière qu’il serait en rogne. Aussi s’assura-t-il que la bouteille était assez loin, pour qu’il n’y ait pas trop de dégâts dans l’auberge bien sûr... Enfin... il tentait de se faire croire à lui-même que c’était pour cette raison et elle seule ! J’ai bien dit : il tentait...

Dans le regard de Fitz –ou Danilo- il y lut non seulement du flegme et de la fermeté, mais également cette petite lueur de rancœur qu’on gardait au fond du cœur. Du moins... C’est ce qu’il voulait peut-être y voir. Tout du moins les paroles du bâtard touchèrent son interlocuteur de plein fouet. Lui aussi sentit qu’une haine sournoise s’insinuait doucement dans ses pensées. Peut-être que lui avait entendu le son de la voix de son père plus souvent que Markhal ?! Et lui se plaignait de ne pas avoir été accepté ? Qu’est-ce que le roi devait penser lui alors ? On l’avait complètement rejeté, même si les gens toléraient sa présence au Château. Pour eux, Markhal n’avait été qu’un boulet de plus dans leurs pattes et quand il souriait avec sa sœur, Nadiane, les gens murmuraient au passage que la pauvre ne savait pas qui il était. Et dire qu’après tout le monde s’est demandé pourquoi est-ce qu’il avait trahi son Empire... Quelle ironie...

Markhal conversa avec Shiva, non sans lancer de temps en temps un regard vers Fitz pour voir ce qu’il faisait. Quand il se resservit de vin, Markhal allait prendre la bouteille et la jeter plus loin si possible, mais apparemment il n’avait pas réagi assez vite. Il soupira imperceptiblement. Il sentait que quelque chose allait se passer... Quelque chose qui allait vraiment le fâcher. Markhal ignora alors pour l’instant Fitz et continua de discuter avec la femme.

Finalement Fitz daigna ouvrir la bouche pour faire la chose la plus stupide qu’il soit sur cette planète : ne faire qu’affirmer un événement à quelqu’un qui voulait justement faire tout pour qu’il s’arrête. Si les yeux de Markhal pouvaient lancer des flèches, Danilo en serait sûrement à cette heure criblé. Il avait très envie soudain de commettre un meurtre... et très sanglant en plus de ça. La succube répondit, fichant ainsi par terre toute tentative de détournement de conversation ou d’amnésie fictive, ou même d’assourdissement temporaire. Markhal retint un commentaire plus que salé envers Fitz et décida de le garder pour plus tard...

La femme se pencha vers lui et le roi craignit qu’elle ne sente trop fort la chaleur mystique et étrange qui l’entourait, aussi s’évertua-t-il à la faire baisser le plus possible. Finalement il vit que la tavernière fronçait les sourcils, comme troublée, mais ne s’arrêta pas pour autant. Ainsi murmura-t-elle au creux de l’oreille du monarque ses quelques paroles séduisantes et délicates. Markhal eut un petit sourire moqueur. A vrai dire, le vin d’Elendil –n’importe quel vin d’ailleurs- n’était plus de son goût aujourd’hui, pour des causes assez simples. Pendant deux ans, il n’avait rien fait d’autre que de boire des sucs de scarabée qui tombaient sous ses mains –et je vous laisse imaginer le goût ignoble que cette mixture a-. Ensuite, une fois que la ville commençait à se construire, il expérimenta cette boisson étrange portant le nom tout aussi douteux de « Mort aux tripes ». Markhal n’avait jamais rien goûté d’aussi bon. Le temps avait sûrement transformé ses papilles délicates d’homme de Château en papilles d’homme affamé, prêt à avaler n’importe quoi du moment que c’était nourrissant. Le temps influençait tout dans ce monde.

L’homme approuva quand même ce climat qu’elle essayait d’installer entre eux. Cette confiance mêlée de l’espérance du cadeau l’amusait, il était vrai. L’amusait, mais ce n’était pas non plus pour ça qu’il allait tomber dans ses bras et se présenter. Néanmoins il apprécia le sourire malicieux apposée sur ses lèvres : sa beauté était rehaussée par ce simple geste. Markhal ne savait plus que sourire sardoniquement ou ironiquement, comme si le fait de sourire pour de la joie ou de la gentillesse lui semblait désormais tout bonnement impossible.

Finalement Markhal prit la bouteille de vin qui était couchée sur la table et la déposa à côté de lui, pour être sûr de la surveiller. Il ne voulait pas non plus que son prisonnier se mette en spectacle dans un endroit pareil, ça ne ferait pas bonne impression. Il lui jeta un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait de l’état de son invité et reposa de nouveau son regard sur Shiva. Il observa un court instant les traits de son visage avant de recommencer à parler de sa voix empreinte de dérision.

« Je n’aime point le vin et cette boisson me convient parfaitement. »

Il ne quitta pas son regard de la femme, prêt à relâcher un peu ses rênes pour l’instant.

« Toute fois, ces soupçons me semblent placés un peu trop à la hâte à mon goût... »

Markhal se tut et s’empara de son verre. Avec un petit sourire vipérin, il but une gorgée du contenu de son verre et attendit une quelconque réaction de la part de ses convives assis à la table.

Fitz, a qui le regard brulant de Markhal n avais pas echapé avais aussi vu cette lueur cligné. Comme si une corde avais ete touché, et une corde sensible. Il aurais peut etre put presser son avantage, qui aurais avancé l heure de sa mort, mais il ne le fit pas. Non que la peur de la mort le retienne. Toutes les cicatrices sur son corps prouvais qu il n hesitais pas. La lecon avais ete difficile, mais maintenant, il reflechissait avant d attaquer.

Sentant ses gestes desordoné par l alcool et connaissant l effet de l alcool sur lui, il ferma les yeux un court instant et repris son souffle. Il voulais calmer cette rage qui brulais en lui et le consomais lentement. Il sentis plus clairement les effets de l alcool quand il eut fermé les yeux. Boire dans des conditions de santé pareille n etais pas la meilleur des choses a faire. Mais il ne voulais pas se montrer faible. Aussi se ressaisit t il. Difficilement, il repris le controle de son corps. Ses mains ne tremblais plus et la colere avais quitté son regard.

Il observa le dialogue entre les deux personnes presentes a la meme table que lui. L aubergiste et Markhal. Il observa cette succube qui faissait de l oeil a Markhal. Il reprima un sourire et meme un rire. Si seulement elle savais, peut etre aurais t elle etais moins franche ou davantage ? Il regarda le roi de Soras dans les yeux et tenta de voir la reaction de celui ci face a cette cour. Mais le monarque cachais bien son jeu. Ses yeux gardais cette lueur froide qu il lui avais vu pour la premiere fois dans la salle de torture. Cette maitrise de soi forcé le respect et l admiration. Mais il avais aussi entendu parler des coleres de cet homme.

Tout en les observant, il se recula et s adossa confortablement a sa chaise et croisa les bras sur la poitrine, ne cherchant plus du tout a cacher son amusement. Il faillit meme eclater de rire lorsque Markhal lui dit que ces soupcons etaient trop hatif. Il repporta son attention sur l aubergiste pour voir sa reaction. Il ne savais pas encore s il comptais lui dire qui etais l homme en face d elle. Mais l idée ne le seduisait pas. Markhal semblais venir ici pour s isoler et ne pas etre reconnu. Il decida donc de les observer encore un peu, attendant le bon moment pour agir. Car il avais trop brillé par sa stupidité et son emportement pour se permettre de faire trop de betisse.

Markhal sentait bien que son regard pesait assez sur la femme et cela l’amusait beaucoup. Ces satisfactions étaient bien courantes, personne n’aimait avoir le regard de cet homme sur lui, mais le faisait néanmoins réagir avec plaisir à chaque fois. Le sourire qu’elle afficha troublé un instant le roi avant de sentir de nouveau l’ironie de la situation : cette femme était maîtresse, il fallait l’avouer, dans l’art de la dissimulation... Markhal dut réfléchir quelques secondes avant de comprendre qu’elle n’aimait pas qu’il la regarde –il avait eu peur d’avoir perdu son seul pouvoir magique « amusant »- ! Soulagé pour une broutille, il suivit presque les pensées de la femme alors qu’elle y méditait.

Markhal ne s’était pas présenté et Fitz non plus. Il était froid et son prisonnier complètement soûl, du moins il en avait l’air. En pensant à son « invité », le roi jeta un coup d’œil vers celui-ci : il était adossé contre le dossier de sa chaise et semblait caressé une idée tout en se demandant s’il l’exécuterait ou pas... Le traître espéra donc qu’il n’en fut rien et qu’il allait pour une fois se tenir un peu tranquille. Mais Fitz se montra décidé à ne plus ouvrir la bouche avant d’avoir quelque chose d’intelligent à dire... Et ça risquait de prendre du temps. La succube, quant à elle une fois que Markhal daigna reporter son regard sur celle-ci, hésitait de la conduite à suivre. Mais le semi-démon était prêt à toute éventualité, éventualités qu’il avait pris soin de noter dans son esprit depuis le début de la conversation.

Ou bien il allait devoir la tuer, ce qui serait vraiment dommage pour la taverne, mais nécessaire lorsqu’un tavernier se montre trop curieux. Ou bien il la quitterait, sans dommages, mais également sans avoir comblé sa soif d’informations. Et pour finir elle utiliserait ses pouvoirs de succube et alors serait confrontée aux murailles télépathiques de Markhal qui le protégeait de tout pouvoir ayant une influence sur son esprit... Enfin... dans la plupart des cas... Et quand il n’était pas fatigué. Bref, Markhal avait tout prévu.

Les paroles de la démone résonnèrent comme une espèce de menace étrange aux oreilles du roi : pas une vraie menace de mort, mais juste comme si elle le prévenait qu’elle savait parfaitement qui il était et qu’elle en profiterait sûrement. Le dirigeant de Soras ne savait que répondre et tout son mordant semblait s’être un instant envolé... instant qui sembla terriblement long, mais qui dura à peine un battement de sourcils. Soudain, une pique lui titilla la langue et il la réprima avec peine. Dans un ultime effort de bonne volonté qui serait bien trop vite épuisée, le roi répondit :

« Heureusement que ce n’est point le cas de plusieurs des forces du royaume... Une langue peut souvent être plus vive, mais risque alors d’être coupée pour déclaration erronée... Mieux vaut parfois se taire pour réfléchir plus en détail à ses pensées et déductions plutôt qu’arguer à qui veut entendre. »

La menace devait sûrement être assez visible pour ne pas la contester : « Parle encore une fois en l’air et c’est la punition qui attend au bout. » Comme pour s’excuser de cet ultimatum pas vraiment dissimulé, Markhal consentit à répondre à la question, non sans mauvaise grâce :

« Le roi et moi sommes très proches... Votre proposition est donc sans but et dans une impasse... »

C’est alors qu’il entendit le frottement caractéristique des chausses d’un homme soûl sur le sol. Les pas étaient traînants et le roi remarqua pourtant qu’ils étaient réguliers, comme un automate. Il devina alors tout de suite qu’il s’agissait sûrement d’une victime d’un sortilège de Shiva et qu’il cherchait d’aventure à se l’approprier. Markhal ne discerna cependant pas tout de suite que c’était vers lui que l’homme osait se diriger. Le roi eut un sourire assez démoniaque –comme quoi les origines influencent- et pensa déjà à la facilité avec laquelle il tuerait l’impudent.

Que de bêtises que de vouloir affronter Markhal ! La bataille était perdue d’avance et personne ne peut savoir comment le roi se débarrasserait d’un intrus, d’un insecte, d’un nuisible... Ni par quelle mouche, ni dans quel style allait-il l’achever. La fin serait-elle lente ou rapide ? Sale et saignante ou propre et immaculée ? Déciderait-il de s’amuser ou d’expédier son combat en deux temps, trois mouvements ? Nul ne le savait et c’était cela qui rendait ses combats excitants et sauvages à la fois.

Markhal but une gorgée de sa boisson avant que l’homme n’arrive à sa hauteur : il voulait tout de même un peu profiter avant de devoir se montrer dans l’obligation de la faire tomber par terre. Il se leva et jeta un coup d’œil à l’assemblée du bar qui s’était soudainement tue. D’une voix dangereusement suave, il demanda à l’ivrogne :

« Un problème, monsieur ? »

L’homme poussa un grognement avant de se jeter corps et âmes sur Markhal. Celui-ci l’évita dans un mouvement souple, comme s’il n’avait fait qu’un seul pas pour. De sa voix légèrement plus teintée d’ironie et de sarcasme,, il reformula sa question :

« Auriez-vous un problème, monsieur ? »

Faire preuve d’autant de politesse n’était à vrai dire qu’un moyen pour énerver encore plus le soûlard qui ne se doutait pas que son heure arrivait. Alors qu’il revenait à la charge dans un beuglement bestial, Markhal tira son cimeterre de son fourreau et ne fit qu’un seul geste quand il passa. L’instant sembla durer un siècle : plus personne ne bougeait, ne respirait, la scène paraissait figée pour l’éternité... Jusqu’à ce qu’une goutte de sang tombe sur le sol dans un son étrangement pur et cristallin. Alors que Markhal se relevait lentement de sa position pour regarder pensif le sang coulant sur sa lame, son adversaire tomba à terre, son corps à jamais sectionné en deux. Le liquide rouge sortit de son tronc et forma très vite une flaque tandis que ses jambes subissaient encore les tremblements caractéristiques à l’événement post-mortem.

Markhal essuya lentement sa lame avant de se rasseoir sans un bruit, au son des murmures effrayés de la clientèle de l’auberge qui s’avérait soudain plus encline à se montrer calme et polie.

Fitz avais maintenant retrouvé tout ses esprits et regardais les deux protagonistes de la conversation avec une certaine distance. Il n aimais pas etre relayé au second plan, mais face a Markhal, il devais s incliner. Et puis cette succube ne semblais etre interessé que par le pouvoir. Avec le Roi, elle serais servi, mais peut etre trop justement.

Le Roi venais justement de faire une remarque dans ce sens, remarque qui fit naitre un sourire sur les levres de Fitz. Il porta son regard danc celui de Markhal, comme pour lui dire qu il trouvais la situation tres interessante et surtout tres coquace. Surtout que Markhal entrais de meme dans le jeux. Fitz avais dit etre un invité du roi et lui, disais etre proche. Vraiment la situtation lui plaisait de plus en plus.

Fitz entendit le bruit lourd et disgracieux d'un homme soule s avancant vers leur table. Il se dirigeais vers Markhal qui plus est. Et celui ci entra dans le jeux, jeux qui se termina tres vite, par la mort de l homme. Fitz aurais voulu dire a Markhal de s en abstenir, mais il n etais rien pour donner des conseils au roi de Soras. Decroisant les bras de sa poitrine, il se degagea du dossier de sa chaise et se placa de facon a pouvoir regarder Shiva dans les yeux.

Vous allez avoir du menage a faire, il me semble....

Se radossant contre le dossier de la chaise, il posa ses mains derriere sa nuque et poussa un long soupir. Il tourna le regard vers Markhal et lui sourit.

Jolie demonstration de votre savoir faire.

Sans s en rendre compte, il avais dit cela avec un ton ironique. Meme si la vie de cet homme lui importais peu, il n aimais pas qu on tue comme cela. Meme un animal peut se montrer parfois plus digne. Mais Fitz se rendit compte que le Roi ne se comportais pas en animal, on l avais obligé a se comporter comme tel. Cette pensée l ebranla un instant. Dissimulant ses idées derriere un sourire sarcastique.

La taverne des bourrés, lieu qui lui était si familier, là où elle se rendait si souvent,… Changé ? Nouvelle propriétaire ? Voilà ce qu’on lui avait rapporté. Lilou n’y avait plus posé les pieds depuis un bon bout de temps car ses fonctions avaient été assez prenantes ses temps ci, de plus Markhal était introuvable et c’était pas faute de le chercher. En faite, elle en venait même à passer ses nerfs sur deux ou trois gardes quand elle ne le trouvait pas.
Ce fut donc ces nouvelles assez étonnantes qui la décidèrent à bouger, il fallait qu’elle sache si elle continuerait à rencontrer ses espions dans cette taverne où si elle devrait aller ailleurs…

Enfilant une robe sombre et assez simple pour passer inaperçue, la succube eut un petit sourire en voyant Pez l’observer en silence. Depuis le jour où elle avait frappé Saya, son esclave était distant et plus froid, il semblait lui en vouloir, chose qu’il n’avait jamais fait auparavant… Mais contrairement à ce qu’il semblait penser, Lilou se foutait éperdument de ce qu’il pensait, en faite, elle était lasse de lui. S’il ne changeait pas très rapidement de comportement, elle s’occuperait avec plus de sévérité de son cas…

Après avoir vérifié qu’elle avait bien ses armes préférées sur elle, Lilou se retourna vers Pez et lui donna quelques directives qu’il devrait effectuer durant son absence. Puis, elle enfila une cape noire sur ses épaules et sortit de sa chambre d’un pat rapide.

Quand Lilou entra dans la taverne, elle ne put s’empêcher de remarquer que l’ambiance de la salle avait bien changée depuis que l’horrible ancien propriétaire n’était plus ici. Les gens semblaient plus calme et moins enclin à se battre. Même l’enseigne et la couleur de la devanture étaient rafraîchis. N’enlevant pas sa cape, elle observa la salle emplie d’homme étrangement tranquil et de catins souple et agile agrippée à des hommes ayant une bourse rebondie. Oui, l’ensemble avait changé mais pas la clientèle, ce qui en un sens rassura la succube.

Alors que Lilou allait s’asseoir à sa place habituelle, son regard fut attiré par une table composée de personnalités bien singulière. Elle reconnut immédiatement son roi, encapuchonné de son habituel vêtement et face à lui, un homme habillé de ses plus beaux atours. L’homme en question n’était autre que Fitz, son ex-patient, qui semblait baigner dans l’alcool…Ce qui n’était pas la meilleure idée qu’il aurait durant sa vie. Puis, elle vit assise entre eux, une jeune femme d’une grande beauté, en y regardant bien, ses faits et gestes bien trop gracieux pour une simple humaine, la trahirent, il s’agissait d’une succube. Ce qu’elle faisait assise à côté de Markhal et de Fitz, ça, la conseillère l’ignorait. Par contre, à la voir agir de cette façon, Lilou comprit bien vite que tout son intérêt allait vers Markhal, délaissant Fitz au second plan… Mais il en avait toujours été ainsi, le roi avait un don incroyable pour susciter chez les femmes la curiosité et l’intérêt, et pourtant, il ne semblait rien faire de particulier pour l’expliquer.

Après un moment, un homme s’approcha de Markhal avec une envie manifeste d’en découdre, et bien, il serait servit. Sans bouger d’un pouce, Lilou observa la scène, le combat avait été rapide, propre et sans bavure, à l’image de la puissance du roi. Lors qu’elle relevait les yeux du corps tremblant à cause des nerfs pas encore totalement sans vie, Lilou croisa le regard de Markhal. Immédiatement, un petit sourire apparut sur son visage car ni lui ni elle n’était vraiment surprit de se voir là. Elle parce que ça faisait un petit temps qu’elle l’avait vu mais elle ne doutait pas que le roi, lui, avait sentit sa présence dès son entrée dans l’établissement…

Lorsqu’il se fut rassit, la conseillère observa le visage de Fitz et de la succube pour y déceler la moindre émotion face aux gestes meurtriers de Markhal. Mais il lui semblait qu’aucun des deux personnes ne semblaient ébranlées par ce à quoi ils venaient d’assister… Ce n’était manifestement pas le cas des soulards qui observaient le corps de leur compatriote de boisson, à croire que l’information avait beaucoup de mal à atteindre leurs cerveaux embrumés par l’alcool.
Ce ne fut que lorsque la succube retourna derrière le bar que Lilou se leva et rejoignit la table. Une fois à sa hauteur, elle enleva sa cape et allât s’asseoir sur la chaise que Shiva venait de quitter.

« Bonsoir messieurs… »

Elle leur sourit pour les saluer, d'un sourire légèrement amusé de voir ces deux personnes assises à une même table, puis observa la propriétaire de la taverne, en attendant d’entendre l’un des deux hommes…

Markhal avait l’impression que la tavernière semblait soudain... comme satisfaite. Avait-il laissé quelque chose filtrer ses remparts sans s’en rendre compte ? Pourtant il n’avait pas souvenir de lui avoir donné quelque chose pour être ainsi comblée. Un peu rabougri, Markhal sentait qu’un mystère des plus déplaisants s’installait en lui et que très vite il ne le supporterait plus.

Soudain, il sentit une présence non loin de lui, une présence qu’il trouvait à la fois rassurante et vaguement agaçante en un sens. C’était Lilou, sa belle conseillère. Markhal ne pouvait pas dire qu’il n’était pas content de la savoir là, mais il savait que si elle venait, elle risquait de peut-être mettre à jour sa véritable identité. Mais Markhal plaça soudain sa confiance dans l’intelligence innée de la succube, ne doutant pas qu’elle comprendrait rapidement la situation. Se délectant pour l’instant de sa seule présence et de l’odeur de son parfum, Markhal ne se tourna pas vers elle, plus par désir de ne manifester aucun intérêt qui aurait vite fait d’attirer la curiosité de la tavernière pour elle. Il ne bougea donc pas d’un pouce et croisa ses bras sur son torse en une expression vide de tout sentiment.

Après le meurtre sanguinolent –ce qui est le cas de le dire !- de l’homme ayant défié le roi de Soras, Markhal leva les yeux vers l’endroit où il supposait trouver un regard familier. Elle eut un petit sourire que le roi qualifia d’inutile, mais qu’il attrapa au passage comme un message : Lilou savait parfaitement qu’il l’avait sentie depuis qu’elle était entrée, et Markhal lui fit bien comprendre d’un regard que ç’avait été effectivement le cas. Il détourna ses yeux de la conseillère et se rassit d’un air souple et agile, rassemblant toute son énergie pour ne pas se tourner vers Fitz et l’assommer simplement.

Alors que la jeune femme répondait justement à celui-ci en jetant un regard au corps de l’homme, Markhal se rendit compte qu’elle aurait effectivement du travail. Avec un haussement des épaules imperceptibles, il marqua bien son opinion sur le sujet : elle se faisait payer pour ça, non ? Le monarque n’avait jamais apprécié ces personnes qui se plaignaient à tout bout de champs en utilisant le premier prétexte qui arrivait pour recommencer de plus belle. Heureusement pour la démone, elle ne faisait pas partie de ces gens-là et ne fit que répondre sobrement et d’une façon concise à Fitz. Markhal eut un élan d’approbation, fier qu’au moins un Sorassien faisait preuve de bon sens sur cette terre.

Markhal foudroya du regard Fitz lorsqu’il lui sourit et commenta ses prouesses. Le semi-démon interpréta son sourire comme une moquerie, voire une rebuffade, ce qui le mit sur la défensive : côtoyer ainsi un Elendilien après tant d’années le rendait assez... réceptif à toutes sortes de remarques. Son propre prisonnier se moquait-il de lui ? Aurait-il cette audace, que dis-je, cette stupidité ?! Le mi-humain sentit ses dents grincer et il fixa d’un air mauvais Fitz avant de répondre d’un air vaguement acerbe :

« Tu ferais mieux de te taire, si tu ne veux pas être le prochain à en faire les frais. »

Finalement la femme le regarda un instant, comme pour deviner qui se cachait derrière sa capuche. Le roi soutint son regard sans broncher, ce qui sembla obligé l’aubergiste à le détourner. Markhal pouvait-il en déduire qu’il avait gagné une bataille ? A vrai dire, il en doutait fortement... Cette femme avait l’air d’avoir trop d’expériences pour se laisser aller à de telles traces de défaite. De plus, c’était plutôt lui qui avait le goût amer d’une bataille perdue dans la bouche, ce qui avait le don de l’exaspérer au plus haut point.

Reprenant son air impassible lorsque la succube leur adressa la parole. Blabla de courtoisie, même pire, d’une courtoisie polie, qui fût aussitôt suivie d’un lever de chaise tout à fait théâtral. Cette tavernière savait mettre son corps en valeur ! Elle s’était levée de façon si féline, élégante, mais avec cet air à la fois bestial, que Markhal sentit une lueur d’intérêt s’allumer en lui. Malheureusement celle-ci s’éteignit vite lorsqu’elle approcha de sa personne et ne put retenir une brusque inspiration de stupéfaction. Le roi savait que la chaleur qui l’entourait devenait de plus en plus intense... Malgré le ton amusé de son interlocutrice, l’homme ne put qu’en retirer d’avantage d’inquiétude quant à son état.

Il ne parla pas, plongé dans ses pensées, jusqu’à ce qu’il sentit ce délicat parfum de plantes, qui sont toutes pour la plupart des ingrédients de bases pour un poison digne de ce nom, flotter non loin de lui. Alors prit place une des seules personnes qui méritait l’attention de Markhal dans l’Empire : la cruelle conseillère du roi de Soras. Elle les salua avec un sourire, salut auquel Markhal ne fit que répondre par un signe de la tête. Le roi semblait... boudé. Oui, boudé était l’expression la plus appropriée pour cette situation. Finalement, il daigna ouvrir la bouche pour dire de sa voix la plus glaciale possible :

« Dites-moi, chère conseillère,... »

Markhal lui lança un regard significatif avant de jeter un regard oblique à la tavernière pour expliquer son comportement : personne n’oserait parler familièrement avec Lilou, personne sauf le roi et comme Markhal tenait à garder pour l’instant son identité sous clé... Les hommes sont compliqués, alors imaginez un homme doublé d’un démon...

«... depuis quand un homme qui vient de subir une séance de torture et qui se remet de ses blessures lentement a-t-il le droit de sortir sans aucune arme du Château ? »

Le reproche perçait dans sa voix, mais un reproche un peu trop... personnel. C’est comme s’il prenait très à cœur la vie de Fitz, alors que ce n’était qu’un simple prisonnier, n’est-ce pas ? Mais il paraissait déterminé que son hôte daigne au moins se rendre compte de ses erreurs, ou tout au plus pense à prendre ses dispositions la prochaine fois.

« Et le vin est-il conseillé dans de telles conditions ? De plus du vin d’Elendil... »

Ne voulant pas prononcer à voix haute qu’il n’était pas au courant de ce trafic, il le fit comprendre néanmoins par son regard qui était un peu trop brûlant malgré sa couleur bleu électrique. C’est à peine s’il ne sommait pas tout haut : « J’exige des explications ! », ce qu’il se retint de faire en se souvenant de l’endroit où il se trouvait et des oreilles indiscrètes qui traînaient... En parlant d’oreilles indiscrètes... Il jeta un petit coup d’oeil discret à Shiva avant de se concentrer sur les réponses de ses nouveaux interlocuteurs.

Fitz ne baissa pas les yeux sous le regard brûlant et intense de Markhal. Ce n étais pas une attitude de défi de sa part, mais davantage sa façon de montrer au roi de Soras qu il ne se reprochais rien. Le coup que Markhal avais assené à l'homme soul étais simplement parfait. Il n y avais eu aucune ouverture dans la garde du demi démon pendant son attaque et cela avais étonné Fitz au plus haut point. En effet, on lui avait dit que le roi se battais avec deux cimeterres, pourtant il en avais utilisé qu un et sans défauts.

Cette pensé fit naître un sourire de joie simple. En effet, comment se vider l esprit et ressourcer son corps qu après un bon combats. Surtout si l adversaire et a la hauteur et peut lui permettre d apprendre deux ou trois nouvelles choses.

Fitz allez répondre a la menace de Markhal, mais se ravisa. En effet, il venais de voire Lilou entrer dans la taverne et qui plus est, elle se dirigeais vers eux. Observant la démarche souple et féline de la conseiller, Fitz retient un sourire. Une femme de son acabit qui reussisait a se déplacer comme si les lieux lui appartenaient n étais pas chose courante. Détournant le regard de la Succube, le jeune homme sentit Nemesiase s agiter et le calma d’un pensé. Il ne se rappelais que trop bien la façon dont la conseillère l avais endormi et surtout la façon qu elle avais de le regarder.

Reposant son regard sur Markhal, Fitz écouta avec soin les paroles du roi. Il ouvrit la bouche pour répondre avant que la conseillère puisse le faire.

Vous avez tout a fait raison, il est totalement déraisonnable pour un homme qui a subi une séance de torture, et qui plus est ce remet de blessure de venir dans un tel lieux et ce sans arme. Mais n est ce pas la déraison qui m a fait venir ici ? Quitter la facilité d’une vie ennuyante et morne pour chercher un peu d aventure et une raison de vire ?

Fitz laissa sa question en suspens et suivit du regard la tavernière qui revenais se poster a son poste derrière le bar. Cette femme écoutait la conversation, cela ne faisait aucun doute. Toutes les personnes assistent a cette table en avais conscience, mais pourtant Markhal ne disais rien, ce qui suffisait simplement a Fitz. Il avais appris a apprécier la façon de parler du roi et sa façon de se comporter avec ses Hommes.

Reportant sur attention sur la compagnie qu il avais, il se contenta de poser les mains sur la table et de regarder Lilou dans les yeux. Il attendais une réplique cinglante de la Succube et il ne doutais pas un seul instant qu elle arriverais vite…

Malgré la voix glaciale qu’avait prit le roi pour lui parler, Lilou ne pouvait s’empêcher de s’amuser de la situation. Si quelques jours plus tôt, alors qu’elle « soignait » Fitz, dans la salle de torture, on lui avait dit : « Bientôt tu verras, ces deux là boiront un verre, à la même table d’une taverne ! » alors, elle aurait prit cette personne pour folle et se serait occupée de cette personne avec beaucoup de rapidité.
Pourtant, la façon dont il lui parlait retint son attention. « Chère conseillère », et bien quoi ? La prenait-il réellement pour une conseillère de bas étage ? Bien sûr qu’elle ne crierait pas sur tous les toits que le roi était assit juste à côté d’elle…

Se passant la langue sur les dents d’un geste presque bestial, elle appuya son menton sur ses mains. Elle offrait ainsi toute son attention à Markhal mais en montrant bien, pour la tavernière et aussi pour lui, qu’elle ne se laisserait pas faire. Le regard qu’elle lança au semi-démon fût très significatif… Il voulait rester inconnu ? Parfait, mais autant ne pas faire les choses à moitié…

C’est alors qu’elle pût l’entendre lui faire des reproches sur la conduite stupide de son patient et son manque de surveillance à l’égard de l’humain. Cette réflexion provoqua en la jeune femme une certaine rage dû au faite que les reproches étaient non seulement fait en publique mais en plus, que tout n’était pas réellement de sa faute… Plaquant ses mains sur la table, elle comptait bien lui répondre comme il le fallait mais ce fut une autre voix qui se fit entendre, une voix pleine d’ironie.

Lilou tourna alors les yeux vers Fitz, un peu surprise de l’entendre. Elle l’écouta avec amusement, croyait-il vraiment que ce qu’il venait de dire soit intelligent ? Elle planta alors un regard glacial dans le sien puisqu’il la fixait sans aucune gêne.

« Je ne crois pas que vous mesuriez vraiment les dangers d’une telle conduite. Ce n’est plus une aventure, c’est un suicide… »

Elle le regarda avec un brin de moquerie dans le regard puis regarda Nemesiase avec dégoût et retourna son attention sur Makhal. Elle sous pesa une dernière fois ce qu’elle allait faire puis, dans une envie folle de ne pas se laisser faire, elle se pencha vers lui et lâcha pour que eux seuls s’entende :

« J’espère que vous êtes prêt à être traité comme ceux qui ose me parler ainsi… »

En lui parlant ainsi, elle imita des gestes qu’elle ferait lorsqu’elle s’amuse avec ceux qui lui devait le respect. Du point de vue du bar, ou même de Fitz, il serait très difficile de comprendre quoi que ce soit… De plus, elle avait fait bien atention à ne pas remuer les lèvres, pour que personnes ne puisse en savoir trop…
A nouveau, elle se remit dans la posture qu’elle adoptait assez souvent, c'est-à-dire une tenue de dame qu’on évitait d’approcher, sous peine de ne pas survivre.

« Je ne crois pas que mes techniques de soins puisse être comprise par un homme qui ne pratique nulles médecines. De plus, si mon patient se montre complètement irréfléchis, irraisonnable et, n’ayons pas peur des mots, complètement stupide, je ne crois pas que ce soit ma faute. Jusqu’à preuve du contraire, je soigne les blessures et les maladies, pas l’idiotie humaine. »

D’un geste sec, elle attrapa la bouteille de vin qui était sur la table, elle observa la date et le nom de la boisson. Ce vin était encore de bonne qualité, malgré tout, Fitz avait bon goût. Sur un geste de provocation, elle attrapa le verre de Fitz et le rempli du liquide doré. Elle prit le verre t huma son parfum sucré et doux, puis en avala une gorgée. A ce moment, elle fixa Shiva, qui évoluait avec grâce derrière son comptoir, écoutant avec une certaine discrétion la conversation de cette table.

« Non, vous avez raison, ce vin n’est vraiment pas conseillé… Mas il vous l’a dit lui-même, il recherche l’aventure… Peut-être qu’une autre séance de domptage lui serait utile ? J’en parlerait au roi… il prendra lui-même cette décision…»

Elle prit soin de ne pas relever le fait qu’il était tout aussi furieux de la découverte du trafic de vin de l’établissement. Pourquoi ? Peut-être pour l’énerver un peu plus… Puis, elle se retourna vers Fitz et sourit, elle savait parfaitement qu’elle ne devrait sûrement plus l’emmener dans la salle de torture, mais s’il continuait ainsi à faire l’idiot, il finirait son existence sur une note très désagréable…