Visite guidée par le roi en personne...(Clos)

Alors que Markhal lui annoncais qu il contentais le suivre et le guidé, Fitz reagi de la maniere la plus "humaine" possible. La crainte de voir le fil de vie tranché par l'un des cimetteres du roi. Mais quelque chose dans son regard lui fit comprendre que ce n etais pas son intention premiere.

Marchant a travers la ville en silence. Fitz reflechit a ce qu il venais de dire dans la taverne et le comportement de Lilou face a sa replique. Aucune reaction si ce n est de l amusement. La deception remplaca la colere qui l avais soudainement saisi dans ce lieux. La deception, car le manque de capacité a s adapter pourais certainement leur faire perdre la guerre. Une pensée le fit sourire. Si les espions de Soras etais aussi obtus d esprit que la conseillere de ce royaume, Fitz se demandais comment il faisait pour survivre en territoire enemie.

Mais cette pensé le ramena aussitot a son propre comportement. Il se comportais comme en territoire conquis, narguant et parlant avec desinvolture a des gens bien plus dangereux que lui. Pour les comprendre, il devais abondonner la petite parcelle de son ame qui lui restais et devenir comme eux, froid et dur. Cela ne serais pas facile, car toute sa vie, il avais combattu ce coté sombre de son ame et voila qu aujourd hui, il en avais bessoin pour survivre dans ce monde sans pitié.

Il sentais la presence de Markhal a coté de lui par cette aura si propre a cet homme. Un aura brulant de rage et de haine. Tourant legerement la tete vers l homme qu il devais dorenavant apellé mon seigneur, Fitz sourit. Pour reussir ce qu il avais entrepris, il devais devenir comme lui et meme plus encore... Mais il sentais toujours un filin le retenir a son existence passé. Un filin qu il portais autour de son cou et qu un homme lui avais donné. Cette amulette pesait lourd sur son cou. Elle avais le poids de sa culpabilité, mais il n y fit pas attention. Son humanité venais de s eteindre, comme souflé par l aura destructeur de Markhal.

Mon comportement de toute a l heure et de toutes les fois ou nous nous sommes rencontré n est pas le vrai reflet de celui que je suis.... Mais maintenant j ai compris ce qu etre Sorasien signifie et je suis pret a faire ces sacrifices pas seulement pour Soras, mais aussi pour moi

Il avais parlé sans regarder le roi, continuant d avancer jusqu a un marais sordide et puant. Tous les lieux de se royaume etais sombre. Mais cette obscurité lui allais bien. Relevant le col de son manteau, il tourna le regard vers celui de Markhal. Ses yeux avais perdu toute leur lueur, devenus aussi froid et sombre que le metal. Dorenavant, il ne brillerais plus jamais, c ete la lumiere qui le guidais dans les tenebres. Maintenant qu elle etais eteinte, il serais seul dans les tenebres. Mais cette solitude lui enleva un poids. Celui du regard des autres.

Pourquoi venir avec moi ?

Markhal avait marché en silence. Le silence ne lui avait jamais pesé, c’était comme quelque chose qui le rassurait, qui lui prouvait qu’il avait encore toute sa tête et qu’il savait encore réfléchir. Durant des années, Markhal avait eu l’occasion d’apprécier le goût amer de la solitude. Combien de gens lui adressaient la parole en ce temps-là ? Markhal savait les compter sur ses deux mains. Mais voyons le bon côté des choses... Maintenant, il savait supporter ce calme... Cette paix exaspérante qui n’appelait qu’à la troubler et la détruire.

C'était vaste, les galeries de Neakor. Vaste et sombre. Avec d'innombrables souterrains ; des galeries immenses qui s'entrecroisaient, s'amenuisaient ou devenaient impasses. Des couloirs tapissés de pierres ramenant sans cesse les visiteurs sur leurs pas hésitants. Si bien que le meilleur sens de l'orientation du monde n'aiderait pas le plus grand cartographe du globe à s'y retrouver. Etait-ce dû à l'ambiance morbide et au silence nerveux omniprésent ? Peut-être. De toute façon, même les damnés qui vivaient en ces lieux parvenaient encore à se perdre. C'était chose courante pour Markhal, par exemple. Et pourtant, Krynn sait combien de temps il passait entre ces murs qui lui semblaient tous identiques... Du coup, le roi utilisait depuis quelques temps, un nouveau passage secret qui conduisait directement vers le château.

Le souvenir de la taverne le hantait. Avait-il mal agi ? Markhal avait passé des heures incognito dans cet endroit et ce fut juste à cause de cet humain, qui se tenait à ses côtés en cet instant, que tous ses espoirs sont maintenant détruits. Ce n’est plus possible pour lui maintenant de se faire passer pour un simple client dans l’auberge. Durant les premières minutes, Markhal avait remis toute la faute sur le dos de Fitz, moyen assez efficace pour ne plus se sentir fâché contre lui-même, mais bien vite il comprit que fuir ses responsabilités n’était pas la meilleure solution pour l’instant. Ce n’est pas faute de mauvaise humeur que le roi dut admettre qu’il était pour quelque chose dans sa déconfiture.

Le roi savait que dès à présent, l’étranger allait changer, que son cœur allait devoir s’acclimater aux mœurs de ceux de Soras. Bizarrement, cette pensée fit un pincement aux miettes qui restaient de celui de Markhal. Le semi-démon avait vécu ça, il y a longtemps... Il ne le souhaitait pas à quelqu’un d’autre. Il avait souvent vu des personnes qui n’avaient rien à faire à Soras changer, mais ces personnes ne lui avaient jamais adressé la parole, il ne les connaissait pas –et n’en avait aucune envie d’ailleurs-, mais là... Là c’était différent. Il la verrait cette transformation... Elle se déroulerait devant lui, en direct. Fitz allait se détruire peu à peu, à petit feu comme si une couverture étouffait le feu de la vie en son cœur. Cette pensée fut encore plus douloureuse pour Markhal : jamais il ne saurait reconstituer les fragments de son âme... Cela faisait trop longtemps qu’elles s’étaient éparpillées. Mais pour Fitz, ce n’était pas trop tard. Markhal pouvait encore le sauver.

Markhal ?! Sauver quelqu’un ?! Etonnant, je sais. Mais n’avez-vous jamais eu cette impression de vous retrouver devant votre passé et d’avoir la possibilité de le changer ? Le mi-humain voyait en Fitz l’homme qu’il avait été : un bâtard à qui on n’accordait de l’importance que par nécessité et qui n’avait que rancœur et haine à offrir à son entourage. La seule chose qu’il avait trouvé pour ne plus faire de mal autour de lui avait été de couper les ponts, s’isoler au maximum, mais il n’avait pas su deviner que cela n’aurait fait que jeter de l’huile sur le feu et engendrer au contraire une rancœur plus grande qu’il ne l’aurait voulu. Markhal ne voulait pas que quelqu’un d’autre suive son chemin.

Le métis fut sorti de sa torpeur par la voix du sujet de ses pensées. Ses paroles attirèrent dangereusement l’attention de Markhal. Il tiqua surtout sur les mots « sacrifices », « Soras » et « pour moi ». Cela semblait annoncé ce que le traître avait le plus craint : Fitz allait changer. L’humain ne s’arrêtait pas, comme s’il était imperturbable et mur dans sa résolution. Soudain il s’arrêta, le roi fit de même. Alors qu’il se retournait, Markhal vit les yeux de Fitz : ils ne contenaient plus cette lueur de malice qui y avait autrefois brillé. La pitié que ressentit Markhal était contradictoire avec un sentiment de colère inexplicable. L’homme lui demanda soudain les raisons pour laquelle Markhal avait accompagné Fitz. Sa majesté sentit soudain toute salive quitter sa bouche. Retrouvant pourtant sa maîtrise habituelle, il déclara du plus froidement possible :

« C’est simple Fitz... Je voulais avoir une conversation avec toi. »

C’était un bon début, maintenant il fallait qu’il parle du ton le plus convaincant possible, qui ne laissait entrevoir aucune émotion possible. Markhal devait parler non de ce qu’il ressentait, mais de ce qu’il avait envie de voir changer, ce qu’il avait envie qu’il se passe. Et parmi tout cela, il devait pouvoir se confier, d’une façon ou d’une autre à Fitz.

« Soyons clair, Fitz. Tu es un bâtard, un paria. Les gens t’écartaient des conversations par pitié ou par dégoût, durant des années tu as nourri une haine non seulement envers les autres, mais également envers toi-même... Envers ce que tu étais. J’ai connu ça aussi, je sais ce que c’est de se haïr et de ne trouver personne avec qui se confier. »

Le ton de Markhal trahissait une sincérité que l’on n’aurait jamais devinée chez un tel homme. Ses yeux étaient perdus dans le vague, mais son aura dévastatrice n’en était que plus éclatante, écrasante.

« J’ai gâché plus de quinze ans de ma vie et je les gâche encore à vouloir suivre cette rage, cette haine qui m’étouffe un peu plus sans que je m’en rende compte. Fitz... La vie à Soras, c’est embrassé cette haine pour s’en servir contre les autres... Contre des personnes qu’on a pu haïr, mais également qu’on a pu aimer. C’est une vie... que je ne souhaitais à personne. Sans le vouloir, les rangs des personnes qui me suivaient ont grossi, grossi jusqu’à ce que j’en perde le contrôle. Je ne peux plus vivre sans haine maintenant. C’est comme si l’amour m’était interdit. Fitz, tu ne dois pas rester ici. Ne commets pas... Les erreurs que j’ai commises. »

La voix de Markhal n’avait pas chaviré une seule fois, son ton avait était émotionnellement rempli sans qu’il le sache et elle contenait toute la douleur et la souffrance qu’il avait ressentie, ressentait et ressentirait encore pendant longtemps. Dans ses yeux se lisait cette détermination qui semblait pouvoir tout annihiler sur son passage.

Fitz laissa le roi parler. Il sentit que le roi ne parlais pas que pour le jeux homme, mais aussi pour lui meme. Laissant le silence repondre a Markhal. Ces propos ne pouvais donner lieux a aucune reponse car ce que le roi venais de lui dire, il pouvais certainement compter sur les doigts d'une main les autres personnes a qui il en avais parlé.

Fitz n en tira aucune fierté, mais plutot une douloureuse impression que seul quelqu un comme lui pouvais comprendre ce qu il ressentais. Les mots de Markhal faissait mouche. Les mots qu il utilisaient etaient des fleches le blessant en son ame et dans ses convictions. Bien sur, il savais que le roi n etais pas heureux de la tournure qu avais pris les evenements. Il se rappelais tres bien les yeux de Markhal lorsqu il etais dans la salle de torture et qu il lui avais parlé de la mort de la reine Nadiane.

L aura du roi de Soras semblais detourner par le nouvel aura qui entourais Fitz. Maintenant, il n etais que noirceur et tenebre. Il avais renoncé a la lumiere pour etre guidé. Redressant la tete et plantant son regard dans celui du roi, il le regarda pour la premiere fois, non plus comme le roi de Soras, ou comme Markhal le terrible, mais comme un homme qui a souffert.

Lui aussi avais connu cette souffrance, cette solitude et ce bessoin de transformer l amour qu on avais pour les gens mais qui n en voulais pas en haine. Lui aussi avais souffert du regard des autres.

Je ne changerais pas Messsire, je libererais seulement ce dont j ai toujours eu peur... Cette rage dont vous parlez, je la connais et j ai appris a la dompter, enfin je croyais. Mais je me rends compte que c est elle qui a guidé mes pas jusqu ici, c est elle qui m a permis de vivre aussi longtemps. Et c est elle qui me permettra de tuer un jour des hommes et des femmes que j ai appelé frere par le passé.

Sa voix avais pris le timbre mettalique du marteau frappant l eclume. Chacune de ses paroles semblais l eloigner de plus en plus de ce que Markhal voulais. Mais cette fois, il serais honnete avec lui meme et affronterais ces demons.

Markhal savait maintenant que c’était trop tard... Markhal savait qu’il ne pourrait plus faire quelque chose pour aider quelqu’un. C’était ironique... Quand il ne pensait qu’à lui –ce qui arrivait très, très souvent-, les gens étaient forts, ils arrivaient à se sortir de situations impossibles, qui ont l’air perdues, mais une fois qu’il daignait s’intéresser à quelqu’un d’autre, qu’une autre personne trouvait importance à ses yeux et qu’il l’aidait, c’était peine perdue et jamais cette personne ne remonterait la longue pente qui le conduisait à se perdre lui-même dans les tréfonds du problème. Il avait toujours l’impression qu’à chaque fois qu’il tendait la main, il ne faisait que faire plonger les gens plus bas, les enfonçait dans leurs difficultés. Il était maudit, voilà tout. La seule chose qu’il pouvait faire maintenant, c’était faire signe de la main aux personnes en difficulté en espérant qu’elles arriveront toute seule à trouver des solutions. ‘Il cherche une excuse’ ?! Mais non ! Puisqu’il le sait qu’il ne fait qu’empirer les calvaires, il préfère laisser aux autres le soin de régler ça tout seul ! Voilà tout.

Markhal eut la douloureuse impression d’être devant un miroir. Pas un miroir qui donnait le reflet d’une apparence, mais celui de son âme. C’est terrible d’avoir comme l’intuition qu’on est contagieux, que personne autour de soi n’est à l’abri. Fitz était noir impression, noir à l’intérieur. Markhal était comme une maladie qui l’avait rongé, et la seule chose que le bâtard avait pu faire pour survivre, c’était de ressembler à cette maladie. A présent lui aussi était mort... Ety d’une certaine façon, il le devait à Markhal. Le roi ne se sentait pas coupable, mais un soupçon de culpabilité ne tarderait pas à germer, surtout s’il devait le revoir de sitôt.

Non, il ne voulait pas de cette pitié dans les yeux. Markhal détourna le regard. Jamais il n’avait eu à dire ce qui le taraudait, jamais il ne voulait penser à ce qu’il avait connu. Le passé faisait partie intégrante de lui et l’ignorer était difficile, mais il se sentait mieux ainsi. Mais même le plus inconscient des hommes savait que personne ne tient longtemps de cette façon. Tôt ou tard il devrait accepter ce qu’il lui arrivait, abandonner ses ambitions, abandonner l’espoir d’une place en haut ou bien... ou bien garder tout ça, devenir complètement fou, mais avoir une chance de monter haut, d’avoir une place dans la société. Devinez quelle solution a choisi le monarque... Mais depuis, chaque considération, chaque marque de sentiment envers lui le faisait rétracter, il devenait de plus en plus tourmenté sur lui, son passé, son futur et son présent. Markhal s’était formé une carapace pour se protéger lui et les autres –bien que cela il s’en foutait un petit peu-.

C’est alors que Markhal observa le visage de Fitz, alors qu’il parlait. Ses paroles n’avaient plus aucun sens dans les oreilles du métis... La voix de métal qu’avait emprunté l’homme se confrontait à la carapace de Markhal. L’impassibilité du visage de roi n’était qu’apparente, car à fréquence irrégulière on pouvait voir son sourcil remonter et descendre nerveusement. Ce fut quand Fitz eût fini de parler, que Markhal reprit la parole, de la façon qu’il voulait la plus froide, la plus distante possible, mais dans ces moments d’égarement, dans ces moments où l’on ne sait plus ce qu’on cherche ou ce que l’on est, il est difficile d’être tout à fait impassible.

« Fais ce que tu penses être bien. De toute façon, je me moque de ce qu’il peut t’arriver. Et puis... »

Soudain, la douleur arriva. Toute sa colonne vertébrale le faisait souffrir, il avait l’impression que quelque chose lui arracha la peau du dos, la lui mordait du plus fort qu’il pouvait. Avant qu’il se rende compte de ce qu’il faisait, Markhal s’appuyait d’une main à un arbre et de l’autre Il la posa sur l’endroit qui lui faisait mal. Il serrait les dents pour ne pas crier, mais leva rapidement le visage pour faire une espèce d’hurlement silencieux qui illustrait pourtant parfaitement la souffrance. Markhal savait ce que la douleur voulait dire pour l’instant : des nouvelles écailles poussaient. C’est ainsi que fébrilement il essayait de sentir si elles étaient là, si elles allaient devoir être ajoutée à une longue liste... Il en avait presque oublié la présence de Fitz. Une fois qu’il se rendit compte de l’état dans lequel il se montrait, le mi-homme se positionna de façon à ce qu’on ne voie pas la terreur dans ses yeux et déclara d’une voix sourde d’affliction :

« Ne t’approche pas... Ne t’approche pas... »

Sa respiration était saccadée, hachée dans une espèce de litanie étrange. Il ne voulait pas que quelqu’un d’autre voit ses cicatrices... Il ne voulait pas partager un autre secret avec Fitz.

Fitz sentais que la peite etincelle de l homme qu il avais ete lutté contre une force. Une force dont il ne connaisait pas l origine et qui ne le terrifiais pas le moins du monde. Bien au contraire, elle l enivrais. Il pouvais sentir couler dans ses veines une chaleur qu il n avais plus resenti depuis longtemps.

Regardant le roi droit dans les yeux pendant qu il parlais, le jeune homme sentais presque le vacillement de la volonté de Markhal. Chose qu il croyais impossible. Il est toujours plus facile de s immaginer l homme que l on hais le plus comme un monstre. Mais l homme qu il avais en face de lui etais...comme lui. Il savais que chaque mots qu il utilisais, Markhal les avais ressenti et qu il n essayais pas d expliquer cela a un ignorant. Seul quelqu un ayant connu la solitude de l ame et le rejet pouvais comprendre cela

Fitz ressentais la douleur de Markhal, enfin imaginais la sentir. Car le roi se protegeais d'une facon qu il ne croyais pas possible. Lui utilisais sa rage pour ne plus rien ressentir, ne plus rien penser. Il avais l impression que le roi de Soras quand a lui utilisais plutot la resignation.

Le jeune homme eut une reaction des plus stupides lorsqu il vit la lueur de douleur dans les yeux de Markhal. Mais bientot, ce ne fut plus une lueur, c ete des manifestations physique de sa douleur. Sa facon de se tenir le dos, puis de se tenir a un arbre pour ne pas tomber. S approchant pour aider le roi a se tenir debout, Fitz fut arreté par les paroles du roi.

Regardant autour de lui, Fitz repporta son attention sur le roi et ne tiens pas compte de son ordre. S approchant du roi, il sentit une bouffée de chaleur le submerger et faillit le faire defaillir. Reculant d'un pas, Fitz vit le cri de douleur muet qui sortais des levres de Markhal. Le roi s adossa a un arbre et regarda le jeune homme avec un regard que celui ci avais vu rarement, celui d'une bete blessée tracqué sans pitié par des chasseurs. Mais la voire sur son visage perlant de sueur due a la douleur, Fit ne put qu entrapercevoir la douleur physique et mentale qui parcourais Markhal en ce moment.

Soras n etais pas le genre de royaume ou l on se montre faible, surtout devant un homme dont on n a pas entierement confiance. Mais Fitz avais confiance en Markhal. Lui aussi avais trop vecu seul, aujourd hui Fitz avais le choix de se detourner parce que le roi etais different, et parce qu il lui demandais de ne pas etre le regarder. Ou celui de rester pres de lui et de faire du mieux possible pour soulager la douleur et oublier tout ce qu il s etais passé lors de cette rencontre des plus etranges.

Regardant son loup, Fitz lui ordonna de rechercher de l ecorce de saulne, arbre qui aimais beaucoup l humidité pour se developper. La presence d'un marais a proximité etais une aubaine des plus incoryable. L ecorce de Saulne a pour particularité de calmer la fievre si on l ingere en tissane, alors que la seve qui coule a l interieur est un puissant tranquillisant et coupe toute sentation nerveuse si il est appliqué directement au contact du sang. C est cette solution que Fitz avais choisi.

Le loup partis a une vitesse incroyable. Profitant de son absence, le jeune homme defit l agrafe de sa cape et la roula en boule pour placer la tete de Markhal. Il l aida a l allonger, prenant soin de ne pas trop toucher son dos. IL l allongea sur le ventre pour pouvoir le soigner le cas echeant.

Cherchant une dague, Fitz se maudis pour la deuxieme fois de la journé de ne pas avoir d arme sur lui. Lilou le lui avais bien assez repete, venir sans arme a Soras c ete comme dire que l on voulais mourir. Mais aujourd hui son etourderi pourais surement couter la vie a quelqu un de plus important que lui. Il decida de faire une chose que le roi lui repprocherais surement des son reveil et pour ca, il etais sur qu il ecopperais du fouet avec de la chance. Sinon c ete le billot.

Degageant une zone de tissus recouvrant le dos de Markhal, Fitz arracha la chemise que portais le roi. Rien que de faire ca, cela lui avais legerement brulé le bouts des doigts. Regardant la peau de Markhal qui commencais a avoir un air reptilien, Fitz n hesita plus. Approchant sa bouche du dos de Markhal, il le mordit violament, arrachant un morceau de chair, qu il recracha immediatement. Cela lui avais fais roussir les sourcils et il avais horriblement mal au one de son visage qui avais ete en contact avec la peau brullante du souverain.

Nemesiase reapparut quelques temps apres, tenant dans sa geule un gros morceau d ecorce de Saulne. Fitz le regarda et le remercia d'une pensée. Regardant le morceau d ecorce, il vit de la see perlais en abondance et commencais a ruisseler. Mais maintenant arrivais le moment important. S il mettais trop de produit, le roi mourrerais et si il n en mettais pas assez, les effets serais lent voire ineficace. Prenant une grande inspiration et bloquand l air dans ses poumons, Fitz versa une grande partie de la seve sur la plaie qu il avais fais dans le dos de Markhal. Restais plus qu a esperer que cela sufirai et que le roi ne mourerais pas....

Markhal avait l’impression qu’une énorme bête le griffait profondément. Sa chair en était comme meurtrie et la douleur n’en était que plus forte, plus poignante. La sueur qui coulait sur son front était la preuve évidente du combat qu’il faisait contre lui-même pour ne pas céder du terrain à la souffrance. S’il se laissait aller, il ne survivrait sûrement pas. Quand Markhal lui demanda de s’éloigner, de le laisser en paix, Fitz passa outre son ordre, ce qui rassura quelque part Markhal : quelqu’un qui l’aidait dans un moment pareil était consolant, surtout pour lui, bien que ce soit Fitz qui était là, et non quelqu’un qu’il connaissait mieux, qui était plus proche de lui...

Mais Fitz, il le connaissait. Pas de la façon habituelle, comme n’importe qui, dans la rue, dans une fête ou même durant un combat, non... Ils étaient même plus proches qu’ils le pouvaient croire. Fitz était Markhal et Markhal était Fitz, à la fois si différents, mais si semblables... Seul une personne comme Danilo pouvait comprendre Markhal, le roi avait enfin trouvé un être avec qui il pouvait parler de sa vie, des choses qu’il taisait aux autres, de ses souffrances encore si fraîches dans son esprit, alors que cela faisait des années qu’elles s’étaient produites.

Markhal entendit vaguement la voix de Fitz, demandant à quelqu’un de l’écorce de saulne. Markhal approuvé cette idée : l’écorce de saule était un excellent calmant et pourrait peut-être réussir à enrouer cette abominable horreur qui brûlait dans ses veines. La douleur commençait peu à peu à obscurcir son esprit et il avait du mal à se concentrer de nouveau sur autre chose. Des pics transperçaient sa tête et la réduisait en charpie pour les chiens. Markhal avait l’impression qu’il pouvait crever sur place, que rien ne pourrait le sauver.

Il ne sentit même pas que Fitz l’aidait à s’allonger, qu’il rendait sa position confortable et la situation un peu plus contrôlable. Alors que Markhal sentait que son esprit partait peu à peu à la dérive, il ne se rendait pas compte que Fitz s’évertuait à le ramener à un état normal, à raviver cette étincelle de vie qui continuait à diminuer. Jamais Markhal n’avait vécu telle torture. La souffrance était un mélange de terreur alors que les écailles poussaient et de véritable sensation de déchirure physique. C’était à la fois mental et corporelle, tout le tourment qui prenait place en lui. Quelque part, c’était bien fait pour un homme tel que lui, qui a fait souffrir tant de gens, qui a tué et fait tuer de nombreuses personnes. Oui, il la méritait cette affliction.

Markhal débuta à délirer. Il voyait des images défiler devant ses yeux, des flashs, des souvenirs pas forcément agréables. Le monarque murmura des paroles intelligibles, des mots qui n’avaient un sens que pour lui. La fièvre montait, la sueur coulait, la tension montait... Et peu à peu le roi se perdait. Aram rejoignit son maître, inquiet. Ce n’était pas de l’amour qui liait ses deux êtres, ce mi-homme et son gardien... C’était ce respect mutuel qu’ils vouaient à chacun. Alors qu’il se couchait aux côtés de Markhal, ne faisant pas attention aux deux formes répugnantes qui bougeaient près de celui-ci, Fitz mettait de la sève de saulne dans les veines de l’écailleux. Il posa sa tête imposante contre celle de Markhal, comme s’il l’invitait à respirer plus facilement, à se relever de nouveau et redevenir « l’homme » qu’il était d’habitude.

Mais Markhal ne se relevait pas, au contraire il restait couché et ne bougeait pas d’un poil. Même sa respiration était devenue plus lente, son torse se soulevait à peine, luttant contre le poids de son dos. Soudain un bruit étrangement écoeurant résonna, le bruit de la chair qui s’écarte, semblable au bruit d’une épée tournée cinq fois dans le ventre d’un homme. Le semi-démon avait un visage calme, beaucoup trop calme...Tout un coup, des immenses écailles sortirent de son dos, émergèrent et formèrent la colonne vertébrale. Alors que le griffon avait les yeux exorbités et donnait des petits coups angoissés vers la tête de son maître, le roi de Soras murmura faiblement à l’attention de la première personne qui pouvait l’entendre :

« Enlevez-les... Enlevez-les... Elles repoussent... Je ne veux plus... Nadiane, excuse-moi de t’avoir fait souffrir, je ne voulais pas... »

Délire ou paroles d’un mourant ? La question était bien difficile, mais ce n’était pas la première chose à se demander. Markhal pouvait-il comprendre qu’il vivait actuellement ses derniers instants ? Ou était-ce simplement la fièvre qui réagissait pour arrêter l’infection ? Mystère...